Certains, jugés définitivement, ont bénéficié d’une grâce présidentielle, et d’autres, comme en janvier 2020, ont été remis en liberté selon une procédure judiciaire spécifique.
Janvier 2020-février 2021. En une année, il y a eu deux vagues de libération de détenus d’opinion. Des activistes, des militants politiques et associatifs, arrêtés et emprisonnés, ont retrouvé leur liberté presque dans les mêmes conditions. Certains, jugés définitivement, ont bénéficié d’une grâce présidentielle, et d’autres, comme en janvier 2020, ont été remis en liberté selon une procédure judiciaire spécifique.
Certes, ces libérations sont de très bonnes nouvelles pour les détenus et leurs familles, mais elles constituent une sérieuse problématique pour la justice algérienne, l’Etat de droit et la démocratie. Et pour cause, les procédés adoptés pour arrêter et incarcérer tout ce monde ainsi que la décision de leur libération intervenant, dans certains cas, avant même l’organisation de procès.
En effet, comme durant le deuxième semestre de l’année 2019, l’opinion nationale a assisté aussi au cours de l’année écoulée à une véritable chasse à l’homme dans les rangs des militants et activistes du hirak. «On libère par-ci et on arrête par-là», commentent certains observateurs, comme pour souligner l’absence d’une réelle volonté chez le régime de changer les pratiques.
Les nombreuses arrestations enregistrées aussi en 2020 se sont soldée par des mandats de dépôts et, dans de nombreux cas, par des condamnations à des peines d’emprisonnement jugées disproportionnées. Elles étaient d’ailleurs fortement contestées par les organisations de défense des droits de l’homme et des acteurs politiques. Pour se défendre, des représentants du pouvoir sont montés au créneau pour affirmer, à qui veut bien les entendre et les croire, «qu’il ne s’agit pas de détenus d’opinion».
Les exemples sont légion. Le cas du journaliste Khaled Drareni a été unique dans les annales. Arrêté en mars 2020 lors d’une marche du mouvement populaire, le directeur du site Casbah Tribune a fait l’objet d’une véritable campagne de dénigrement menée au plus haut niveau de l’Etat. Certains intervenants sont allés jusqu’à lui dénier la qualité de journaliste, au prétexte qu’il ne dispose pas d’une carte provisoire délivrée par le ministère de la Communication, quelques années auparavant.
l’image du pays ternie
Pis encore, Khaled Drareni a été condamné ensuite à une lourde peine de trois de prison ferme prononcée en première instance, avant d’être réduite à deux ans de réclusion à l’issue de son procès en appel. Les instigateurs de cette affaire n’ont certainement pas pensé aux conséquences de l’emprisonnement d’un journaliste qui n’a fait qu’exercer son devoir d’informer.
Car, en plus de l’élan de solidarité en Algérie, l’affaire a suscité une vague de réactions internationales.
L’affaire n’a fait qu’écorcher encore davantage l’image du pays. Redorée quelques mois auparavant par le hirak populaire et pacifique, cette image a été aussi ternie par de nombreuses autres affaires, dont celles des porteurs de l’emblème amazigh, de feu Lakhdar Bouregaa, de Karim Tabbou, des militants de l’association RAJ, d’Ali Ghediri, de Brahim Laalami, de Khaled Tazaghart et… tout récemment de Walid Nekkiche.
Au final, ces cas, de l’avis de tous les observateurs de la scène nationale, n’ont pas servi le slogan de «l’Algérie nouvelle», censé mettre en place les fondements «d’un Etat respectueux des droits de l’homme et des libertés et qui tranche avec les pratiques autoritaires de l’ancien régime».
Source : el watan