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- Le 22 Novembre 2024
Seulement 10 % de la population a été vaccinée en Russie, manifestant son scepticisme à l’égard de la campagne. L’ancien président Dmitri Medvedev plaide pour une vaccination obligatoire.
Quatre mois après le lancement en Russie de la campagne de vaccination contre le coronavirus, la franchise du puissant maire de Moscou détonne : « Nous avons été les premiers de la planète à annoncer une campagne de vaccination de masse. Et quoi ? Le pourcentage de personnes vaccinées à Moscou est inférieur à celui de n’importe quelle ville européenne… », s’est lamenté Sergueï Sobianine le 21 mai, lors d’une rencontre avec des activistes. « Nous continuons à tomber malades, les gens continuent de mourir mais ne veulent pas se vacciner ».
À travers le pays, le constat est en effet celui d’une campagne de vaccination au rythme peu soutenu, et d’une méfiance de la population que les autorités ne parviennent pas à contrecarrer. Dix millions de Russes, soit un peu moins de 7 % de la population, ont déjà reçu deux doses de vaccin, un chiffre à comparer aux neuf millions de Français (13 % de la population) et aux 21 millions de Britanniques (plus de 30 %) dans la même situation.
Parmi les premiers sur la ligne de départ, la Russie est aujourd’hui dépassée. « La vaccination revêt une importance cruciale », a pourtant insisté Vladimir Poutine le 21 avril lors de son discours au Parlement : « J’en appelle à nouveau aux citoyens russes, mes chers, ne perdez pas votre vigilance, prenez soin de vous-même et de vos proches ». Le pays vise aujourd’hui l’immunité collective à l’automne.
Le tempo est d’autant plus étonnant qu’à Moscou, l’une des premières grandes villes de la planète à avoir lancé une campagne de vaccination, tous les grands centres commerciaux et la plupart des hôpitaux accueillent depuis le début de l’année des espaces de vaccination accessibles gratuitement et sans rendez-vous. Mais seulement 1,3 des 12 millions d’habitants de la capitale a été vacciné, une situation suffisamment sérieuse pour amener l’ancien président Dmitri Medvedev à évoquer le 19 mai une possible campagne de vaccination obligatoire « afin de protéger la majeure partie de la population ».
« La plupart des problèmes de logistique ont été réglés. Ce qui est beaucoup plus compliqué, c’est de convaincre les gens d’aller se faire vacciner », explique Alexandre Dragan, un analyste indépendant qui surveille depuis le début de l’année le rythme de la campagne de vaccination. « Le principal problème c’est l’absence de motivation, les gens ne voient simplement pas l’intérêt de se faire vacciner », assure-t-il.
Le scepticisme n’a fait qu’empirer depuis le début de la campagne : la part des Russes ne voulant pas être vaccinés contre le coronavirus est passée de 54 % en août 2020 à 62 % en avril 2021, d’après l’institut de sondage indépendant Centre Levada. Théories conspirationnistes et dénigrement des vaccins occidentaux dans les médias officiels participent dans le pays à une ambiance de méfiance généralisée, à laquelle vient s’ajouter une communication empreinte de contradictions. Si Vladimir Poutine a ainsi vanté un vaccin russe « Spoutnik V » « aussi fiable qu’une Kalachnikov », c’est hors caméras que le président russe a reçu sa piqûre à la mi-avril.
Cette communication a échoué à convaincre les Russes de la dangerosité du coronavirus. « D’un côté, les télévisions d’État ont répété au début de l’année que l’épidémie était vaincue, de l’autre côté, il n’y a presque aucune restriction sanitaire », constate Alexandre Dragan. Cela donne le sentiment que la pandémie a disparu alors que le pays enregistrait 350 morts par jour au mois de mai. Et un total de 250 000 morts depuis le début de la pandémie, selon l’agence des statistiques russes.
Source : La Croix