Les agriculteurs sont confrontés à plusieurs difficultés, notamment les prix élevés du fourrage et l'importation de lait, de légumes et de viande, alors que la production tunisienne de ces denrées est abondante.
Des dizaines de personnes ont organisé, vendredi, une manifestation devant le siège du ministère de l'agriculture dans le centre de Tunis. Elles réclamaient la suspension des importations de produits agricoles depuis l'étranger, affirmant que cela " entraîne de lourdes pertes pour les agriculteurs ".
Le correspondant de l'Agence Anadolu a rapporté que plusieurs hommes politiques et militants de la société civile ont participé à la manifestation. Parmi eux le leader du "Parti des travailleurs" (gauche), Jilani Hamami, et Ayman Alwi membre du "Parti unifié des patriotes démocrates".
Les manifestants ont brandi des banderoles portant des slogans dénonçant ce qu'ils considèrent comme un "échec" de la politique agricole du gouvernement, et critiquant les importations continues de lait, de légumes et de viande alors que les produits tunisiens sont abondants.
Parmi ces slogans : "Non au colonialisme agricole", "l'agriculture est la solution, système défaillant" et " l'agriculteur est tombé sous le joug des mafias".
Après la manifestation, à laquelle ont appelé des militants de gauche, les manifestants ont marché en direction du siège du ministère du commerce, chargé du dossier des importations et des exportations dans le pays.
Jawaher Shanna, une représentante des manifestants, a déclaré à l'Agence Anadolu : "La manifestation vise à soutenir les revendications des agriculteurs exprimées lors des protestations".
La Tunisie connaît depuis la semaine dernière une vague de protestations des agriculteurs qui a touché plusieurs régions du pays.
Shanna a ajouté que les agriculteurs sont confrontés à plusieurs difficultés, notamment les prix élevés du fourrage et l'importation de lait, de légumes et de viande, alors que la production tunisienne de ces denrées est abondante.
Elle a expliqué que les agriculteurs locaux souffrent de difficultés dans la commercialisation et la distribution de leurs produits, en l'absence de soutien de l'État.
Shanna a mis en garde contre "les produits alimentaires importés de l'étranger, qui font l'objet de nombreux soupçons", selon ses dires.
Le ministère tunisien du commerce a déclaré, jeudi, qu'il n'avait chargé aucune de ses agences d'importer des produits agricoles, soulignant que ces produits peuvent être importés ou fournis librement, à l'exception de ceux qui ont déjà fait l'objet d'une décision empêchant leur importation.
Un membre du bureau exécutif de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Union des agriculteurs), Ibrahim Trabelsi, a appelé la semaine dernière à " l'arrêt immédiat des importations de légumes et à une enquête visant à identifier les responsables ", selon l'agence de presse officielle tunisienne.
Selon cette même agence, 1 600 tonnes de légumes sont récemment entrées en Tunisie par le point de passage de "Ras Jedir" avec la Libye, en provenance d'Egypte ; ce qui a provoqué des protestations de la part des agriculteurs en raison de l'abondance sur le marché local.
Le ministère de l'agriculture a répondu, vendredi dernier, dans un communiqué, que "les cargaisons de légumes frais qui ont été récemment acheminées via le poste frontière de Ras Jedir ont fait l'objet d'un contrôle sanitaire au niveau du point de passage, et que les dossiers relatifs à leur importation sont conformes aux dispositions en vigueur".
Source : AA