Premières libérations de militants du Hirak en Algérie, après une grâce présidentielle

Le président, Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé la libération d’une cinquantaine de personnes d’ici à vendredi.

Une trentaine de prisonniers, militants du Hirak, ont été libérés, vendredi 19 février, après une grâce accordée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à la veille du deuxième anniversaire du soulèvement. Parmi les personnes libérées de la prison de Koléa figure Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison en septembre dernier et devenu le symbole du combat pour la liberté de la presse en Algérie.

Abdelghani Badi, l’un des avocats du correspondant en Algérie de la chaîne TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF), a précisé qu’il s’agissait d’une mesure de « liberté provisoire ». Le journaliste âgé de 40 ans est apparu sur des images des réseaux sociaux à sa sortie de prison, porté par une foule de sympathisants. Khaled Drareni est en attente d’une décision de la Cour suprême, le 25 février, sur son pourvoi en cassation.

L’opposant Rachid Nekkaz, 49 ans, a également été remis en liberté, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), qui a fait part sur Facebook de leur libération. « Au total, 33 personnes ont été libérées jusqu’ici. Les procédures sont en cours pour le reste », a déclaré le ministère de la justice dans un communiqué, sans préciser de noms.

Selon le militant Zaki Hannache, engagé dans la défense des prisonniers d’opinion, ces libérations ont notamment eu lieu dans les wilayas (préfectures) de Bordj Bou Arreridj, Tebessa, M’sila (est), Saïda (ouest), ainsi que dans le Sud, à Tamanrasset et Adrar.

Jeudi, dans un discours à la nation très attendu, M. Tebboune a annoncé une grâce présidentielle en faveur de dizaines de détenus du Hirak, un geste d’apaisement à l’égard du mouvement de protestation contre le régime. « En tout, entre 55 et 60 personnes rejoindront leurs familles à partir de ce soir ou demain », a-t-il promis, sans toutefois divulguer de noms.

Un tweet de la présidence algérienne a précisé que la mesure concernait les « auteurs de crimes liés aux technologies de l’information et de la communication ».

Appels à manifester

Selon le CNLD, quelque 70 personnes sont actuellement en prison pour une raison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles. Des poursuites fondées dans au moins 90 % des cas sur des publications critiques envers les autorités sur les réseaux sociaux.

Devant la prison de Koléa, à l’ouest d’Alger, militants, journalistes et familles se sont réunis vendredi matin pour attendre les personnes dont la libération a été décidée. Cette initiative du président Tebboune survient à la veille du deuxième anniversaire du Hirak, le 22 février 2019, qui a forcé l’ex-homme fort du pays, Abdelaziz Bouteflika, à quitter le pouvoir en avril 2019. Le mouvement continue à exiger le démantèlement du « système » politique en place depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962.

Des appels à manifester lundi dans tout le pays circulent sur les réseaux sociaux. Des milliers d’Algériens s’étaient déjà rassemblés mardi à Kherrata (est), considérée comme le berceau du soulèvement, pour réclamer « la chute du régime » et « la libération des détenus d’opinion ».

Source : Le Monde avec AFP

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