Algérie. La garde à vue de la journaliste Kenza Khattou prolongée

Le comité “Sme3na” pour la défense de la liberté de la presse en Algérie a assimilé cette arrestation et la “mise au secret durant plusieurs heures” de la journaliste à un “kidnapping”. 

Notre consœur du média en ligne Radio M, Kenza Khattou, passera sa troisième nuit en détention, après son arrestation lors de la marche de vendredi, sévèrement réprimée. “J’ai rendu visite à la journaliste Kenza Khattou placée en garde à vue depuis vendredi suite à son interpellation par les forces de l’ordre, elle est très fatiguée mais garde un bon moral, convaincue qu’elle ne faisait que son métier de journaliste”, a indiqué Mme Assoul, qui est longuement revenue sur les circonstances de l’arrestation “violente” de la jeune journaliste devant la Faculté centrale et l’interrogatoire qu’elle a subi au commissariat de police de Trollard (rue Docteur-Saâdane). “J’ai vu Kenza Khatto et elle m’a affirmé avoir été interrogée jusqu’à minuit sur son travail de journaliste au sein de Radio M”, a affirmé Mme Assoul, précisant que Kenza Khattou n’a pas pu lire le PV, ses lunettes ayant été cassées lors de son interpellation.

“Elle n’a pas lu le PV de son audition et ils ont refusé de le lui lire. Pis encore, ils lui ont trempé le doigt dans l’encrier et l’ont apposé sur le PV. Étant épuisée, elle n’a pas pu réagir à tout cela”, a déclaré l’avocate qui n’a pu voir sa cliente qu’hier aux environs de midi trente au commissariat central d’Alger du boulevard Amirouche, non sans dénoncer les pratiques répressives des autorités. “Nous n’avons aucune information sur les chefs d’inculpation pour lesquels Kenza Khatto est placée en garde à vue”, a-t-elle encore insisté, soulignant avoir constaté des blessures sur le cou et le bras de la journaliste. “Les policiers l’ont fait passer chez un médecin qui ne l’a pas auscultée. Cela s’est fait en présence d’un officier de police, ce qui est pour moi une pression symbolique sur ce médecin”, a-t-elle souligné, dénonçant “une vieille pratique contre laquelle nous nous sommes toujours vainement élevés”. Dans un communiqué rendu public, le comité “Sme3na” pour la défense de la liberté de la presse en Algérie, a assimilé cette arrestation et la “mise au secret durant plusieurs heures” de la journaliste, à un “kidnapping”. “La prolongation de sa garde à vue devient une prise d’otage”, note le texte, relevant que “la prolongation de sa garde à vue est en contradiction avec l’article 51 (modifié) du code de procédure pénale algérien”.

“Le traitement réservé à la journaliste Kenza Khatto est inacceptable, de même que les interpellations systématiques des journalistes et photographes (20 à Alger) ce même vendredi”, a ajouté le comité Sme3na, soulignant que “la tentative du gouvernement d’empêcher la couverture médiatique des manifestations est une irresponsable fuite en avant”. Le comité appelle à sa libération sans délai et sans poursuites. “Son maintien dans les geôles du commissariat central d’Alger est une agression humiliante pour la presse algérienne et une honte pour l’Algérie”, conclut le communiqué. 

Source : La Liberte

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