Dans une allocution télévisée concomitante aux nouveaux appels à manifester marquant la célébration du deuxième anniversaire du Hirak (mouvement populaire) déclenché le 22 février 2019.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé jeudi la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN/chambre basse du Parlement) et l'organisation d'élections législatives anticipées, ainsi qu'un remaniement gouvernemental dans les prochaines 48 heures.
C’est ce qui ressort d’une allocution télévisée adressée au peuple, qui a coïncidé avec la célébration en Algérie de la «Journée du martyr», correspondant au 18 février de chaque année, laquelle, commémore les soldats de l'Armée de libération tombés en martyr durant la colonisation française du pays (1830-1962).
Le discours était également concomitant aux nouveaux appels à manifestations pour marquer le deuxième anniversaire du Hirak (mouvement populaire) déclenché le 22 février 2019.
Tebboune a déclaré qu'il avait décidé de dissoudre l'Assemblée populaire nationale (APN/ Chambre des représentants) et d'aller vers des élections législatives anticipées sans communiquer de date à cet effet.
Le mandat actuel (la législature) du Parlement prend fin en mai 2022, ses membres ayant été élus en mai 2017 pour un mandat de cinq ans. Le Front de Libération Nationale (FLN), parti au pouvoir à l'époque de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), détient la majorité des sièges au Parlement.
Depuis le déclenchement du Hirak (mouvement populaire) en 2019, des appels ont été lancés pour dissoudre l’APN, en raison de ce qu'on a appelé «la corruption et la fraude financières», qui ont entaché l’élection de ses membres, mais les autorités soulignaient à chaque fois que la tenue d'élections anticipées, nécessitait la modification de la loi électorale.
Le Comité d'experts chargé de la révision constitutionnelle relevant de la Présidence algérienne, s’attelle à élaborer la version finale de la loi électorale, après avoir consulté les partis politiques sur un avant-projet de mouture.
Dans son premier commentaire sur la décision du chef de l’État, Le président de l’APN, Suleiman Shanin a déclaré dans un tweet qu'il souhaitait au président de la République, de réussir sur la voie du changement.
Pour sa part, le président algérien a annoncé, dans son discours, qu’il procèdera à un remaniement du gouvernement dans les prochaines 48 heures, sans fournir de détails sur sa nature.
Tebboune s’est contenté de dire que le remaniement touchera les secteurs qui n’étaient pas à la hauteur et ne répondaient pas aux aspirations du peuple algérien, laissant entendre que ledit remaniement sera partiel.
Sur un autre plan, Tebboune a annoncé une grâce présidentielle pour 30 détenus du Hirak qui ont fait l’objet d’une condamnation définitive, ainsi qu’un autre groupe de 60 détenus qui sont en incarcération provisoire.
La Présidence algérienne a précisé, dans un communiqué publié ultérieurement, que les personnes concernées par la grâce présidentielle avaient été arrêtées pour «diffusion de mensonges portant atteinte aux institutions étatiques, sur les réseaux sociaux ».
Depuis des mois, les organisations de défense des droits de l'homme et les partis d'opposition en Algérie appellent le président du pays à libérer les personnes arrêtées lors des rassemblements du Hirak, ou en raison de publications sur les réseaux sociaux.
Les décisions de Tebboune interviennent quelques jours après une série de réunions avec des partis alliés au pouvoir et de l’opposition, et dont les dirigeants ont déclaré qu’ils avaient soumis au président , des demandes relatives au remaniement du gouvernement, à la dissolution du parlement et aux mesures visant à l’apaisement de la rue algérienne, en amnistiant les prisonniers du Hirak.
Ces derniers jours, un appel a circulé sur les réseaux sociaux à l’initiative d’activistes, pour reprendre les manifestations du Hirak afin de faire pression sur les autorités pour qu'elles répondent aux demandes du soulèvement, pour un changement radical du régime.
Dans son discours d'aujourd'hui, Tebboune a déclaré: «Le changement radical ne peut être qu'un changement d'institutions incontestables et incontestées», en référence à l'élection d'un nouveau parlement qui parlerait au nom du peuple.
Source : AA