Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), Noureddine Benissad, a réagi, hier, au dernier communiqué du ministère de l’Intérieur et a fustigé le gouvernement en brossant un tableau peu reluisant de la situation des droits de l’Homme en Algérie.
Dans un communiqué rendu public, le chef de file de cette organisation non gouvernementale a dénoncé “les atteintes ostentatoires aux libertés et les arrestations musclées des citoyens engagés dans le Hirak populaire, des étudiants, des journalistes et autres activistes politiques sous prétexte, précise-t-il, qu’ils constituaient une ‘menace’ pour ‘la sécurité publique’ et pour ‘la sécurité nationale’”. “Ces dernières semaines ont été marquées par une aggravation sans précédent de la répression contre des citoyens engagés dans le Hirak : journalistes, étudiants et défenseurs des droits de l’Homme en sont les principales cibles.
Les tribunaux et les prisons deviennent des instruments contre l’action citoyenne et contre toute pensée critique”, a indiqué la Laddh, déplorant que des militants des droits humains, “au parcours connu et respecté”, soient arrêtés et poursuivis “pour des accusations criminelles”.
Pour M. Benissad, la sortie du ministère de l’Intérieur constitue une sérieuse menace pour les libertés fondamentales. “Par cette sommation, le pouvoir veut remettre en cause les acquis du 22 février 2019 et empêcher l’expression pacifique dans l’espace public”, dénonce encore la Laddh qui juge, par ailleurs, ledit communiqué comme “une évolution gravissime”.
Partant de ce constat, la Laddh estime qu’“il est de notre devoir moral et politique de mettre en garde contre la gravité de l’instrumentalisation de la justice et des dérives en cours (…) Il est de notre devoir de dire avec la plus grande force : Non ! Kaddour Chouicha, Djamila Loukil, Saïd Boudour, Kirra Mustapha et tant d’autres ne sont pas des terroristes !”.
Tout en rappelant que les manifestations étaient interdites à Alger depuis juin 2001 “sans aucun fondement juridique et au mépris de la Constitution et du Pacte international des droits civils et politiques ratifié par l’Algérie”, M. Benissad souligne que “ le régime veut maintenir par la force un état d’exception attentatoire aux droits humains”.
Face à cette situation, pour le moins inquiétante, la Laddh a alerté l’opinion publique nationale et internationale sur la “grave détérioration” de la situation des droits de l’Homme et des libertés “à la veille de la tenue d’un scrutin électoral contesté” et affirme que “rien, absolument rien, ne peut justifier ces attaques frontales caractérisées contre les principes des droits de l’Homme et la confiscation des libertés”.
En ce sens, la Laddh rappelle que les aspirations du Hirak sont légitimes. “Ces aspirations, portées historiquement par le mouvement de libération nationale, sont conformes aux principes et aux normes qui fondent les nations libres”, ajoute encore cette organisation qui a exprimé sa “vive inquiétude” à l’égard de la réponse par la répression généralisée aux exigences formulées par le Hirak dans un pacifisme exemplaire.
Tout en exigeant “la libération inconditionnelle” et “la réhabilitation totale des détenus”, ainsi que “l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires contre les citoyens”, la Laddh rappelle, encore une fois, que “les tenants du pouvoir ont décidé d’aller vers une exacerbation de la gestion autoritaire de la société” et que cette démarche “foule aux pieds les engagements de l’État algérien en matière de respect des droits et des libertés”.
Source : La Liberte