Ce vendredi, le décor à Alger, jusqu’en début d’après-midi, laissait croire que la 116e marche hebdomadaire contre le système, n’allait probablement pas se tenir.
Dans la matinée, le dispositif policier était, en effet, considérablement allégé et moins visible que d’ordinaire, dans les artères du centre de la capitale.
Jusqu’à 13H passées, peu de monde foulait le sol de la rue Didouche Mourad, alors qu’à la rue Victor Hugo et le quartier Khelifa Boukhalfa, le regroupement citoyen habituel, en attendant la fin de la prière, était beaucoup moins important que d’habitude.
Seules quelques centaines de personnes ont d’ailleurs marché, à partir de 13h30, vers la Place Audin et la Grande Poste, lieux emblématiques de la révolution populaire.
Du côté du quartier populaire Belcourt, la vague humaine des Belouizdadis n’arrivait pas non plus.
Est-ce la fin… ? s’interrogeaient des regards les manifestants présents sur place.
Mais une heure de temps plus tard, soit vers 14h30, un bruit de tonnerre s’est fait entendre dans le ciel bleu d’Alger ! La déferlante de Casbah-Bab El Oued annonçait son arrivée, Rue Asselah Hocine, aux cris de « Etat civil et non militaire ».
Appuyée par le renfort des quelques centaines de manifestants regroupés autour de la Grande Poste, la vague humaine Casbah-Bab El Oued a décidé, tout d’un coup, de changer l’itinéraire de la marche, avant de se heurter aux policiers postés aux frontières du Boulevard Colonel Amirouche.
Le cordon policier n’a pas résisté longtemps face aux manifestants qui défiaient les coups de matraques.
Par milliers, traversant le boulevard, ils couraient vers la rue Hassiba Ben Bouali, puis vers le quartier Mohamed Belouizdad, entonnant le slogan « Istiqlal, Istiqlal (Indépendance, Indépendance) ».
Le jeûne et la chaleur ne semblaient pas ralentir la course des manifestants. Ils donnaient l’impression d’avoir suffisamment de hargne et d’énergie pour marcher encore et encore, à ne plus s’arrêter.
Mais leur progression est stoppée net au niveau du commissariat de police du quartier des Ruisseaux par un imposant dispositif sécuritaire. L’usage de la bombe lacrymogène et de la matraque par les agents de l’ordre ont fini par convaincre les manifestants à rebrousser chemin et clore la marche. Plusieurs arrestations ont été enregistrées.
Source: Liberté