L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
La décision de Pékin de suspendre indéfiniment le « dialogue économique stratégique sino-australien » et « toutes les activités » qui s’y rapportent survient sur fond de vives tensions entre les deux pays.
La Chine a annoncé, jeudi 6 mai, la suspension d’une partie de sa coopération économique avec l’Australie, sur fond de vives tensions avec Canberra. Celles-ci ne cessent de croître depuis 2018, en raison de différends sur un nombre croissant de sujets, de la technologie 5G aux accusations d’espionnage, en passant par Hongkong ou encore les origines du Covid-19.
Dans ce contexte, le gouvernement fédéral australien avait annoncé fin avril qu’il résiliait un accord signé par l’Etat de Victoria (sud-est de l’Australie) pour se joindre aux « nouvelles routes de la soie ». Lancé en 2013 à l’initiative du président chinois, Xi Jinping, ce projet vise notamment à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà, par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels. Pékin avait alors dénoncé une « mesure déraisonnable et provocatrice » prise par Canberra.
Canberra avait adopté l’an dernier de nouvelles lois qui permettent d’annuler tout accord passé entre les représentants d’un Etat australien et des pays tiers, et considéré comme menaçant l’intérêt national. L’accord sur le projet de « nouvelles routes de la soie » est le premier à être ainsi révoqué, ses détracteurs y voyant un moyen pour la Chine d’augmenter son influence politique et économique.
Pékin a attendu jeudi pour répliquer. Sa puissante agence de planification (NDRC) a annoncé dans un communiqué suspendre « indéfiniment » le « Dialogue économique stratégique sino-australien » et « toutes les activités » qui s’y rapportent. L’Australie « cherche à perturber les échanges et la coopération normaux avec la Chine par une mentalité de guerre froide et de discrimination idéologique », a-t-elle fustigé. Ce dialogue est un dispositif créé en 2014 pour favoriser les investissements et renforcer les liens économiques entre l’Australie et la Chine, son premier partenaire commercial.
Dans la foulée, le ministre du commerce australien, Dan Tehan, a jugé « décevante » la décision de Pékin. Il en a toutefois relativisé la portée, expliquant que la Chine et l’Australie n’avaient plus eu de discussions depuis 2017 dans le cadre de leur dialogue économique.
« Il s’agit surtout d’un geste symbolique » qui n’aura « pas d’impact » sur les échanges commerciaux, relève James Laurenceson, directeur de l’Institut des relations Chine-Australie, à l’Université de technologie de Sydney. La suspension des discussions entre les deux pays est cependant « une préoccupation réelle », estime M. Laurenceson.
Les relations bilatérales ont commencé à se détériorer en 2018, lorsque l’Australie a exclu le géant chinois des télécoms Huawei de la construction de son réseau 5G, au nom de la sécurité nationale. Elles se sont encore tendues lorsque Canberra s’est joint l’an dernier à Washington pour exiger une enquête internationale sur les origines du coronavirus, provoquant l’ire de Pékin, qui considère cette requête comme politiquement motivée.
L’Australie a aussi reproché à la Chine sa politique répressive à l’égard de l’opposition prodémocratie à Hongkong et l’arrestation de deux citoyens australiens soupçonnés d’espionnage ou d’atteinte à la sécurité nationale. Sur ce point, le gouvernement australien a déclaré lundi qu’il pourrait revenir sur le bail de quatre-vingt-dix-neuf ans attribué à une société chinoise pour le port de Darwin. Situé sur la côte nord de l’Australie, ce port, le plus proche de l’Asie, sert également de base pour l’armée américaine.
Pékin a pris ces derniers mois toute une série de mesures de rétorsion économique à l’encontre d’une dizaine de produits australiens, notamment l’orge, le bœuf et le vin, dont les bouteilles ont vu depuis mars leur prix doubler, voire tripler.
La Chine a opté jeudi pour une « réponse modérée » pour ne pas « exacerber les tensions », juge M. Laurenceson. Dans le cas contraire, Pékin « aurait choisi l’option nucléaire » en se retirant de l’accord de libre-échange Chine-Australie, croit-il savoir.
Source : Le Monde avec AFP