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- Le 22 Novembre 2024
M. Wong a été condamné jeudi pour sa participation, en 2020, à une veillée « illégale » en souvenir de la répression de la place de Tiananmen. Une peine qui s’ajoute à celle de treize mois et demi pour sa participation à une autre manifestation en 2019.
Joshua Wong, figure du mouvement prodémocratie à Hongkong, a été condamné, jeudi 6 mai, à dix mois de prison supplémentaires, cette fois, pour sa participation, en 2020, à une veillée « illégale » en souvenir de la répression de la place de Tiananmen.
Pendant des décennies, l’ex-colonie britannique a été le seul endroit de Chine où l’on commémorait l’intervention sanglante de l’armée chinoise contre le mouvement social et étudiant de 1989 à Pékin. Mais, pour la première fois en trente ans, la veillée du 4 juin n’a pas été autorisée en 2020 par les autorités, qui avaient avancé le prétexte de la lutte contre la pandémie, dans un contexte de reprise en main musclée de la ville par le pouvoir central chinois.
Des dizaines de milliers de personnes avaient néanmoins bravé cette interdiction pour marquer pacifiquement le 31e anniversaire de la répression de Tiananmen dans un parc du centre de Hongkong. Des poursuites judiciaires avaient été engagées contre vingt-quatre personnalités du mouvement prodémocratie.
Jeudi, quatre d’entre eux, parmi lesquels Joshua Wong, Lester Shum, Tiffany Yuen et Janelle Leung, ont été condamnés. Ils avaient plaidé coupable de participation à un rassemblement illégal.
M. Wong, qui est, dans les pays étrangers, le visage le plus connu de la contestation hongkongaise, a écopé de dix mois de prison, une peine qui s’ajoute à celle de treize mois et demi qu’il purge pour sa participation à une autre manifestation, en 2019. « Cette peine doit dissuader des gens de commettre des délits et de récidiver », a déclaré le juge, Stanley Chan.
M. Shum a écopé de six mois de prison. Mme Yuen et Leung de quatre mois. Joshua Wong, Lester Shum et Tiffany Yuen sont, par ailleurs, poursuivis dans un autre dossier, en vertu de la loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hongkong, qui est, désormais, le principal instrument de la répression chinoise dans l’ex-colonie britannique. Les autres prévenus, parmi lesquels figurent certaines des personnalités les plus en vue du mouvement prodémocratie, dont beaucoup sont en détention dans d’autres dossiers, seront jugés cet été.
La sanglante intervention de l’armée chinoise sur la place Tiananmen dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d’étudiants et d’ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d’un millier de morts. Le sujet est tabou en Chine. Pendant des décennies, la veillée à Hongkong avait immanquablement attiré les foules, comme un symbole des libertés uniques dont a longtemps joui le territoire encore théoriquement semi-autonome, revenu dans le giron chinois en 1997.
En 2019, la veillée du 30e anniversaire s’était déjà déroulée dans un contexte politique tendu alors que l’exécutif hongkongais pro-Pékin tentait d’imposer l’autorisation des extraditions vers la Chine continentale. Une semaine plus tard avait commencé le plus vaste mouvement de contestation de la tutelle chinoise à Hongkong avec, de juin à décembre 2019, des manifestations et actions quasi quotidiennes, parfois violentes.
Rien ne dit, désormais, que la répression de Tiananmen pourra de nouveau un jour être commémorée à Hongkong. La Chine a profité de la pandémie et des restrictions imposées pour lutter contre le coronavirus pour restreindre considérablement les libertés et mettre au pas toute forme d’opposition et incarcérer les dissidents.
En plus de la loi sur la sécurité nationale, une nouvelle campagne visant à faire que « Hongkong soit géré par les patriotes » va permettre de jauger au préalable de la loyauté de tout candidat à une fonction élective. Et les autorités ont déjà fait savoir que la prochaine commémoration de Tiananmen ne serait pas autorisée.
L’avocate Chow Hang-tung, membre de la coalition qui organisait la veillée, a estimé que le tribunal, jeudi, n’avait « pas défini la différence entre ce qui est réellement illégal, à savoir la violence, et ce qui fait partie de nos droits, les rassemblements pacifiques ». Elle a promis que les Hongkongais commémoreraient cette année Tiananmen, même si la veillée n’est pas autorisée : « Nous trouverons un moyen de nous recueillir, et ce sera en public ».
Source : Le Monde avec AFP