Face à la colère sociale qui monte et qui touche plusieurs secteurs professionnels, le dialogue social sérieux est l’option la mieux indiquer pour aider à résoudre les conflits loin de toute pression et menace. L’Exécutif semble prendre conscience de la nécessité de cette méthode efficace et moins coûteuse…
Les multiples mouvements de contestation enregistrés depuis quelques jours dans plusieurs secteurs présagent d’une grande colère sociale. Les grèves et les mobilisations de rue rythment la chronique sociale en ébullition et compliquent davantage une conjoncture déjà compliquée sous l’effet de la double crise économique et sanitaire, alors que le Hirak persiste encore.
Face à cette montée de la contestation, les pouvoirs publics tentent plutôt l’apaisement. Contrairement aux habitudes, cette fois-ci, les autorités semblent privilégier la voie du dialogue dans l’espoir de désamorcer ce qui s’apparente à une “bombe à retardement”.
En effet, lors du Conseil des ministres tenu dimanche, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a “ordonné”, selon le communiqué de la Présidence, “l'ouverture du dialogue avec les différents partenaires sociaux dans le secteur de la santé” pour “ l'examen de la situation socioprofessionnelle des personnels” et “la mise en place d'une approche prenant en compte l'efficacité du service civil en vue de l'encouragement des compétences nationales et de la protection de la santé publique”.
En réponse, également, à la grogne des enseignants qui viennent juste de faire une grève, le communiqué a informé que “le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l'engagement du dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d'améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur de l'éducation nationale ainsi que la révision du statut particulier de l'enseignant”.
Une réaction somme toute réaliste, surtout si elle s’accompagne d’une réelle volonté de l’Exécutif pour écouter et répondre favorablement aux revendications des protestataires, lesquels ne comptent visiblement pas baisser les bras tant que leurs exigences ne sont pas satisfaites.
A priori, “l’ordre” du chef de l’État à l’Exécutif pour engager un dialogue avec les syndicats de certains secteurs en ébullition est à saluer même si ces mêmes syndicats s’interrogent sur la “prédisposition” des autorités à répondre favorablement à leurs attentes.
Autre élément qui alimente les doutes des protestataires : le subit revirement des autorités qui découvrent les vertus du dialogue. Durant plusieurs années, les pouvoirs publics ont fait presque la sourde oreille aux mouvements de protestation lorsqu’ils ne recourent pas à la manière musclée.
Faut-il rappeler le traitement infligé aux médecins il y a quelques années ? Avant-hier, le ministère de l’Intérieur a accusé les éléments de la Protection civile, qui ont tenté de marcher sur la Présidence, d’obéir “à un agenda étranger” à travers lequel “l’Algérie est visée”.
Une réponse autant inappropriée que surprenante d’autant qu’elle vise un corps constitué qui jouit, comme partout ailleurs dans le monde, du respect de la population. Même s’il ne s’agit pas de mettre en doute les propos du ministère de l’intérieur, force est de constater que les accusations ne sont pas de nature à créer un climat de confiance nécessaire à l’ouverture des canaux de dialogue.
A quelques nuances près, des accusations similaires ont été proférées par le Premier ministre Abdelaziz Djerad à l’encontre des syndicats qui ont appelé à la grève, notamment dans le secteur de l’éducation.
Dans un contexte de persistance de la protestation politique qui dure depuis plus de deux ans et de la crise économique, l’ouverture d’un dialogue sérieux constitue sans doute la meilleure approche pour appréhender des solutions consensuelles aux multiples problèmes. Encore faut-il que la volonté politique soit au rendez-vous.
Source : La Liberte