Lors du Conseil des ministres, tenu dimanche dernier, le président de la République, Albdemadjid Tebboune, a demandé au gouvernement “d’engager un dialogue avec les différents partenaires sociaux aux fins d’améliorer la situation socioprofessionnelle des employés du secteur de l’éducation et de la santé”.
Le malaise social se manifeste, en effet, de façon plus prononcée dans les deux secteurs et risque de conduire à des blocages. Mais que fera le gouvernement pour contenir la colère et résorber la crise ? À bien des égards, le malaise s’est installé et l’Exécutif ne semble pas en mesure de faire ce qui s’impose.
Ce n’est pas parce qu’il ne veut pas entendre toutes les doléances formulées par les syndicats, mais plutôt parce qu’il n’a pas les moyens financiers lui permettant de répondre aux préoccupations exprimées.
Ainsi, le gouvernement, à court d’argent, n’est plus en mesure d’acheter la paix sociale en redistribuant la rente, comme il le faisait du temps de l’aisance financière. Comment en est-on arrivé là ? L’Exécutif, empêtré dans des questions d’ordre politique particulièrement délicates, n’a pas investi dans l’amélioration de la situation économique.
Le pays n’a pas su faire face à la crise économique née de la chute des cours du pétrole et aggravée par la pandémie de coronavirus. Il avait, on s’en souvient, évoqué, fin 2020, un plan de relance sociale et économique. Il avait invité partenaires économiques et sociaux à en discuter. À la faveur de débats autour de ce plan, des propositions de sortie de crise avaient été élaborées. Mais le gouvernement n’a pas donné suite aux recommandations.
Il semble les avoir rangées dans un tiroir ! Ainsi, l’Exécutif ne fait pas preuve d’une grande audace pour la relance de l’économie, ne joignant pas l’acte à la parole. Absence de volonté, entraves ou en liens structurels avec la résolution de la crise politique ? D’où cette situation de payer le coût de l’inaction ou d’une action inappropriée en matière économique.
Le coût est bien plus élevé. Selon des observateurs, le coût social de la crise économique actuelle est retombé de façon disproportionnée sur les couches les plus faibles et les plus vulnérables de la société, se traduisant par une pauvreté accrue, le sous-emploi, des inégalités croissantes et une situation sociale difficile.
Le chômage touche désormais toutes les classes sociales, même les personnes les plus instruites. Dans une déclaration faite en mars dernier, le ministre du Travail, El-Hachemi Djaâboub, révélait, que la fermeture des usines de montage automobile et l’arrêt de l’importation des composants destinés à la fabrication de produits électroménagers ont provoqué la perte de 51 000 emplois, qui viennent grossir le rang des chômeurs. Il convient plus que jamais que le gouvernement se ressaisisse et s’attaque de manière cohérente à la question de l’économie, en apportant à la crise économique une réponse économique forte et coordonnée.
Il devrait trouver des solutions durables, plutôt que de continuer à recourir à des solutions palliatives dont la finalité est de colmater les brèches ouvertes au plan social. Le gouvernement est sans doute et surtout appelé à ne pas chercher à appliquer des solutions sociales à des problèmes économiques comme il le faisait avant. Il ne peut plus se permettre d’hésiter encore, jouant dans les demi-mesures, ce qui laisse planer des doutes quant à son engagement.
De même, il ne peut plus feindre d’ignorer le fait que les demi-mesures ne sauraient redynamiser l’économie, grippée par la baisse du prix du baril de pétrole depuis 2014. Aussi, la lucidité commande d’adopter une approche inclusive en matière de dialogue social, et ne pas essayer d’affaiblir le mouvement social. Car, cela est non seulement contreproductif, mais également porteur de tension sociale.
Source : La Liberte