L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
Des actions de soutien en faveur de l'opposant emprisonné se sont déroulées ce dimanche dans plusieurs villes du pays.
Aux yeux du pouvoir russe, Alexeï Navalny est un instrument de l'Occident qui utilise l'opposant pour déstabiliser le pays. L'un des axes majeurs des accusations du Kremlin à l'égard de sa « bête noire », incarcérée depuis près d'un mois, a été repris par Vladimir Poutine, alors que des actions de soutien se sont déroulées dimanche dans plusieurs villes de Russie. Une contestation qui a pris la forme non de manifestations massives, celles-ci ayant été sévèrement réprimées ces dernières semaines, mais d'initiatives symboliques relayées par les réseaux sociaux.
«Nos opposants ou nos adversaires potentiels (…) ont toujours compté sur des personnes ambitieuses, assoiffées de pouvoir, les ont toujours utilisés», a déclaré Vladimir Poutine dans une interview aux médias russes, réalisée mercredi mais diffusée dimanche par la chaîne publique Rossiya 24. Selon le président russe, les manifestations qui ont suivi le retour et l'interpellation d'Alexeï Navalny, le 17 janvier, sont alimentées de l'étranger dans le contexte de la pandémie de coronavirus.
«Ils utilisent ce personnage (Vladimir Poutine persiste à ne pas prononcer le nom de l'opposant, NDLR) justement maintenant, au moment où tous les pays du monde, y compris le nôtre, connaissent l'épuisement, la frustration et l'insatisfaction» en raison «des conditions dans lesquelles ils vivent, du niveau de leurs revenus», a affirmé le chef du Kremlin. Selon lui, «les nombreux succès» de la Russie, parmi lesquels il inclut la conception du vaccin Spoutnik V, «commencent à irriter (nos adversaires)». «Plus nous devenons forts, plus cette politique d'endiguement est forte», a-t-il assuré.
Depuis le retour d'Alexeï Navalny, plus de dix mille personnes ont été arrêtées par la police en Russie et de nombreuses condamnations à de courtes peines de détention ont été prononcées. Les équipes de l'opposant ont donc décidé de surseoir à ces manifestations jusqu'au printemps et de changer de tactique. Elles ont étrenné dimanche un nouveau mode de contestation, non plus sous la forme de larges rassemblements non autorisés, mais avec des actions du type «flash mobs». Des méthodes utilisées notamment par les manifestants en Biélorussie, qui ont délaissé les grands défilés en centre-ville pour des actions localisées dans les quartiers, parfois même depuis le balcon de leur appartement.
Les équipes de Navalny ont ainsi demandé aux participants de sortir avec des lampes de poche ou avec leur smartphone allumé dans leur cour d'immeuble et de publier les photos sur internet. En ce jour de la Saint-Valentin, les soutiens de Navalny ont également été invités à faire brûler des bougies disposées en forme de cœur sur le sol, et à diffuser ces images accompagnées du hashtag « L'amour plus fort que la peur »…
Compte tenu du décalage horaire, des photos de ces événements ont commencé à circuler dès le matin depuis l'est de la Russie, sur la chaîne Telegram d'Alexeï Navalny, au Kamtchatka et à Sakhaline, puis progressivement vers l'ouest du pays. Ainsi, à Moscou, on a vu de très petits groupes de manifestants brandissant des lampes torches et parfois des pancartes appelant à la libération de l'opposant. Ce dernier a été condamné le 3 février à deux ans et huit mois de prison ferme, officiellement pour n'avoir pas respecté son contrôle judiciaire - il était alors en convalescence en Allemagne -, pour une condamnation avec sursis dont il avait écopé en 2014. La semaine dernière, les autorités avaient tenté de dissuader les bureaux locaux d'appeler à ces initiatives ciblées « illégales », qu'elles ont qualifiées d'«actions extrémistes». Certaines universités, comme à Briansk, dans le centre du pays, ont menacé leurs étudiants de renvoi en cas de participation.
À Moscou encore, quelque trois cents femmes se sont réunies à l'appel de la poétesse et artiste Daria Serenko, pour former une «chaîne de solidarité et d'amour» de plus de cent mètres de long, rue Arbat, au centre de la capitale, en soutien à l'épouse d'Alexeï Navalny, Ioulia. Il s'agissait aussi, selon l'organisatrice, d'exprimer sa solidarité avec ceux qui «passent leurs journées devant les tribunaux, les bus de police et les centres de détention spéciaux».
À Saint-Pétersbourg, une autre «chaîne» a regroupé une centaine de personnes. Certaines portaient des fleurs ou des cœurs en papier sur lesquels était inscrit le nom de femmes symbolisant l'opposition aux autorités russes. Selon l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, une action similaire s'est terminée par neuf arrestations à Kazan, dans l'Oural.
Source : lefigaro