Les travaux de la 34e session ordinaire du sommet de l’Union africaine (UA) se sont ouverts hier par visioconférence. En raison de son séjour médical qui se poursuit en Allemagne, le président Abdelmadjid Tebboune a désigné son Premier ministre, Abdelaziz Djerad, pour le représenter à ce sommet, qui s’achèvera aujourd’hui.
Ainsi, l’Algérie ne sera plus à la tête du Conseil de la paix et la sécurité (CPS), qu’elle a occupé durant ces 16 dernières années. Smaïl Chergui, qui occupait ce poste depuis 2013, n’est plus candidat.
Cet organe de l’Union africaine est important, dans le ce sens qu’il a été fusionné avec le Département des affaires politiques. Une fusion qui va donner plus d’attributs et de poids au président du CPS, afin qu’il puisse gérer les conflits et tous les problèmes politiques relatifs à l’instabilité dans le continent. Il s’agit donc d’un organe extrêmement important, surtout pour un pays comme l’Algérie, qui est cernée par des zones de conflits et de pays instables.
Aussi, l’Algérie sera absente, durant les deux prochaines années, des autres conseils de l’UA auxquels elle n’a pas présenté de candidat. Une situation qui pourrait profiter à d’autres pays qui cherchent à «percer» au sein des instances de l’UA, à l’instar du Maroc, qui est revenu au sein de cette organisation continentale en 2017, ou de l’Egypte. Cela surtout qu’il y a une règle au sein de l’Union qui impose une répartition des postes clés entre les quatre parties du Continent.
L’absence du pays des organes clés de l’UA pourrait freiner les efforts de l’Algérie qui aspire à reprendre son leadership africain après un recul enregistré au cours de ces dix dernières années. Mais pas seulement.
La présence dans des organes de gestion de l’UA pourrait s’avérer bénéfique pour le pays dans ce nouveau contexte géopolitique mondial, marqué par une nouvelle politique américaine des affaires étrangères, basée sur le multilatéralisme.
L’Algérie, qui se présente comme exportatrice de la paix en Afrique, semble avoir misé sur sa candidature au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent durant la période de 2024-2025. Une candidature qui a reçu la validation et l’appui de l’UA.
Tournée de Boukadoum en Afrique
Durant la deuxième quinzaine du mois de janvier, Sabri Boukadoum s’est en effet rendu en Afrique du Sud, au Lesotho, en Angola, au Kenya, en République démocratique du Congo (RDC) et en Libye. Il est à souligner qu’au cours de cette tournée, le MAE avait mis en avant la cause sahraouie et la nécessité de défendre la légalité internationale dans ce dossier.
C’est ainsi que le Conseil exécutif des ministres des Affaires étrangères de l’UA a rejeté la tentative du Maroc de faire passer des projets qui toucheraient à la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Il s’agissait, notamment, de projets visant à réaliser des infrastructures transcontinentales et interrégionales, dont la fibre optique et le réseau électrique.
Covid-19 et conflits
Le sommet de l’UA s’est par ailleurs penché sur la pandémie de coronavirus dans le continent et ses conséquences à la fois sanitaires mais aussi socioéconomiques. Le Premier-ministre, Abdelaziz Djerad, a appelé dans ce contexte à plus de solidarité internationale, de coopération et d’aide à l’Afrique pour lutter contre cette pandémie. «Nous saluons la stratégie continentale africaine commune pour faire face à la pandémie de Covid-19, qui mise sur la coopération et la coordination pour assurer le vaccin au moins aux populations du continent», a affirmé Abdelaziz Djerab, cité par l’agence officiel APS.
Le Premier ministre a poursuivi en assurant que «la réussite de cette stratégie continentale est tributaire du renforcement de la coopération et de la coordination avec nos partenaires internationaux».
Il a demandé dans ce sillage un allégement du fardeau de la dette de beaucoup de pays africains, une aide directe aux Etats pour «assurer la continuité des approvisionnements alimentaires, protéger les emplois et atténuer l’impact de la baisse des revenus dans le continent en raison de la perte des recettes des exportations». «Cette crise sanitaire sans précédent, de par son étendue et la gravité de ses retombées politiques et socioéconomiques, a compromis la croissance des économies des Etats, induit une aggravation des taux de chômage et mis nos systèmes de santé devant des défis majeurs ayant requis l’adoption de mesures strictes, à l’effet d’alléger le déficit financier et éviter des pertes économiques supplémentaires», a-t-il ajouté.
L’Afrique reste le continent le moins bien loti pour affronter cette maladie et ses conséquences néfastes sur le plan socioéconomiques. L’UA a d’ailleurs demandé au Fonds monétaire international (FMI) de l’aide financière pour corriger certaines inégalités, notamment fiscales, entre les économies africaines et celles avancées.