Des dizaines de journalistes de l’Agence «Tunis Afrique Presse» ont observé un rassemblement de protestation pour dénoncer la nomination par le gouvernement de Kamal Ben Younes en tant que nouveau Président directeur général de l’agence.
Des dizaines de journalistes de l’Agence de presse (officielle) «Tunis Afrique Presse » (TAP) ont observé jeudi un rassemblement de protestation pour dénoncer la nomination par le gouvernement de Kamal Ben Younes en tant que nouveau Président directeur général (PDG) de cet établissement médiatique et la tentative d’imposer son installation (prise de fonction) par la force, il y a deux jours.
Ce mouvement de protestation organisé au siège de la TAP à Tunis, intervient à l’initiative du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT/indépendant), rapporte le correspondant de l'Agence Anadolu.
Le 5 avril, le gouvernement a nommé le journaliste Kamal Ben Younes, en tant que nouveau PDG de l'agence, pour succéder à Mouna Mtibaa. Cette nomination a été rejetée par les journalistes de l'agence, lesquels exigent de préserver l'impartialité de l’institution, et dénoncent « la nomination parachutée d’une personne soupçonnée d’avoir des affiliations politiques et partisanes ».
Les journalistes ont brandi des pancartes avec des slogans tels que «Un gouvernement qui ne respecte pas la loi», «Non à la politisation des médias», «Non à la mainmise des partis sur les médias publics» et «le Quatrième pouvoir ne s'agenouille pas».
Les manifestants ont dénoncé l’incursion des forces sécuritaires dans les locaux de l’agence et le recours à la force pour imposer l'installation de Ben Younes, au poste de PDG de la TAP, ainsi que l’agression du personnel de l’agence à la suite de cette intervention.
Dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu, le secrétaire général de la Fédération générale des médias, relevant de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT/Centrale syndicale), Mohamed Saidi, a souligné que « les nominations politiques et partisanes sont totalement rejetées et ce qui s'est passé il y a deux jours en ayant recours aux forces sécuritaires pour imposer la prise de fonction d’une personne nommée par le gouvernement est inacceptable ».
Pour sa part, le membre du SNJT, Wajih El Wafi, a déclaré à l'Agence Anadolu « les nominations dans le secteur public doivent être bien étudiées. Nous, en tant que syndicat, sommes fermement convaincus que la proximité du responsable désigné à la tête de la TAP (Ben Younes) avec le mouvement « Ennahdha » constituera une menace pour l’impartialité et l’indépendance des médias publics ».
Dans des déclarations antérieures, des responsables au sein des deux syndicats et des journalistes opposés à la nomination de Ben Younes, ont accusé ce dernier d'être proche du mouvement « Ennahdha », qui possède le plus grand bloc parlementaire, et ont exprimé leur crainte que le mouvement fasse main basse sur les médias, selon leurs dires.
Ni la personne de Ben Younes ni le parti « Ennahdha » n'ont réagi à ces accusations, mais le mouvement d'obédience islamique affirme généralement qu'il ne recherche jamais à être hégémonique.
Le SNJT et la Fédération générale des médias relevant de l’UGTT avaient décidé, mardi, que la TAP boycotterait toutes les activités du gouvernement et des partis qui le soutiennent, jusqu'au 22 avril courant, en signe de refus de la nomination de Ben Younes à la tête de l’agence.
Source : AA