Les principaux indicateurs de surveillance de l’épidémie de Covid-19, notamment la notification de nouveaux cas d’infection, les hospitalisations et les admissions en réanimation sont actuellement en hausse au niveau national et régional.
Une augmentation du nombre de cas infectés et confirmés par le test RT PCR a été enregistrée dans 25 wilayas au cours des deux dernières semaines, alors que 27 wilayas voient augmenter les déclarations pour les cas probables au cours de ces derniers jours, selon le dernier bulletin épidémiologique de l’Institut national de santé publique (INSP) datant du 9 avril dernier.
En plus clair, l’équipe de l’INSP signale que le nombre de patients hospitalisés pour cause de Covid-19 dans les structures de santé est à la hausse au cours des trois dernières semaines. «Le nombre quotidien moyen passe de 1166,1 patients entre les 20 et 26 mars à 1185,6 entre les 27 mars et 2 avril et atteint une moyenne de 1309,4 patients entre les 3 et 9 avril», lit-on dans le bulletin de l’INSP, qui précise que les taux d’accroissement sont de 1,7% entre les 27 mars et 2 avril et de 10,4% entre les 3 et 9 avril par rapport aux sept jours précédents.
Parmi les wilayas enregistrant une augmentation du nombre d’hospitalisations – dont cinq enregistrent un écart de plus de 10 points entre les moyennes quotidiennes des deux dernières semaines –, Tizi Ouzou et Batna Les unités de soins intensifs enregistrent les mêmes tendances. «Le nombre de patients hospitalisés en réanimation a augmenté durant les trois dernières semaines. La moyenne passe de 98,7 patients entre le 20 et le 26 mars à 102,4 entre le 27 mars et le 2 avril, puis arrive à 110,6 patients entre le 3 et le 9 avril.»
Et de souligner que «31 wilayas observent une augmentation du nombre d’hospitalisations». L’équipe de l’INSP note qu’«à l’échelle nationale, le nombre quotidien moyen de patients en réanimation augmente régulièrement depuis trois semaines et 9 wilayas sur 12 ont enregistré une augmentation du nombre de patients en réanimation et 5 ont vu le nombre de malades intubés augmenter».
La wilaya d’Alger compte le maximum de patients en réanimation et de malades intubés, signale-t-on. Une tendance qui risque de connaître une très forte hausse, selon les spécialistes, au vu du relâchement total vis-à-vis des mesures barrières et du contrôle dans les espaces publics par les services concernés. Marchés de fruits et légumes, supérettes boucheries, magasin de vaisselle et d’électroménager ont été pris d’assaut à la veille du mois de Ramadhan sans que les mesures de prévention édictées et exigées par la loi ne soient respectées, notamment le port du masque et la distanciation physique.
Certains services Covid-19 toujours ouverts dans les principaux centres hospitaliers commencent à accueillir des cas d’infection nécessitant l’hospitalisation outre les formes mineures. «Nous constatons effectivement une augmentation du nombre de cas Covid-19.
Ce qui nous inquiète, ce sont les cas graves, notamment chez les jeunes en surpoids. Il y a malheureusement un relâchement vis-à -vis des mesures barrières avec la reprise des poignées de main, des accolades et des embrassades. Ce qui prépare les prémices de la troisième vague qui nous guette», déclare le Pr Kamel Hail, chef du service Covid au Chu Mustapha Bacha. Il estime que «la Covid-19 n’est pas terminée. Il ne faut pas crier victoire. Nous sommes toujours en guerre contre un virus qui continue à nous surprendre.
C’est pourquoi, il est important de renforcer les mesures de prévention et assurer un contrôle rigoureux de toutes les mesures de prévention». A l’hôpital de Beni Messous, où trois services assurent la prise en charge de la Covid, dont un centre de tri, les hospitalisations pour Covid-19 n’ont pas cessé, signale le Pr Omar Chabati du service de pneumo- phtisiologie. Il rappelle que «la situation est globalement stable avec une moyenne de 5 hospitalisations/jour dont des formes graves nécessitant beaucoup d’oxygène, une surveillance et un suivi».
Cela dit, il affirme : «Il y a une légère hausse du nombre de cas notifiés dont les causes sont bien sûr liées au relâchement total vis-à-vis des mesures barrières. Mais, il y a aussi le discours rassurant véhiculé pendant quelques semaines par certaines parties et l’information relative à la notion de l’immunité collective qui auraient encouragé un peu ce relâchement. Je dois dire que la bataille n’est pas gagnée et c’est le moment de renforcer les mesures de prévention et le respect des mesures barrières, car nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau pic de l’épidémie.»
Par ailleurs, l’OMS estime que l’épidémie, qui a provoqué la mort de près de trois millions de personnes dans le monde depuis plus d’un an, est à un «point critique». Maria van Kerkhove, responsable technique à l’Agence des Nations unies, a expliqué lundi dernier que la «trajectoire de cette pandémie est en pleine expansion», avec une augmentation significative du nombre de cas et de morts enregistrés dans le monde depuis plusieurs semaines, notamment en Asie, au Moyen-Orient et au Brésil. «La semaine dernière, nous avons enregistré le quatrième plus grand nombre de cas en une seule semaine jusqu’à présent.
C’est la septième semaine consécutive d’augmentation des cas, et la quatrième semaine consécutive d’augmentation des décès», a résumé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. L’OMS observe ainsi que la pandémie ne faiblit pas, malgré les «plus de 780 millions de doses de vaccin qui ont été administrées dans le monde», ce qui peut s’expliquer par la disparité des campagnes de vaccination dans les différents pays du globe, a déclaré le directeur général de l’OMS.
Mais pour espérer «maîtriser cette pandémie en quelques mois, il faudra un effort concerté pour appliquer des mesures de santé publique et une vaccination équitable», avertit Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Source : El Watan