Les tensions entre Israël et les États-Unis s'intensifient, des ministres israéliens critiquant l'administration du président Donald Trump pour avoir obtenu du Hamas la libération du soldat israélo-américain Edan Alexander sans coordination avec Tel-Aviv, ont rapporté les médias locaux, lundi.
La télévision israélienne Channel 13 a indiqué que malgré les efforts du bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahu pour donner l'image de liens positifs avec Washington, les relations se tendent de plus en plus chaque jour.
Selon la chaîne, des ministres ont vivement critiqué Trump au sujet de l'accord conclu avec le mouvement palestinien en vue de la libération d'Alexander.
Netanyahu a convoqué une réunion d'urgence dimanche soir avec les chefs de la sécurité et certains ministres, après l'annonce de l'accord par Trump, a rapporté la chaîne.
Au cours de la réunion, il a décrit la démarche américaine comme « le moyen de pression de l'administration pour un accord plus large ».
Le ministre d'extrême droite en charge de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a déclaré que « s'ils nous contournent, nous devons nous assurer qu'aucun engagement n'est pris en notre nom envers le Hamas ».
Plus tard dans la journée de lundi, le Hamas a annoncé la libération d'Alexander, et l'armée israélienne a confirmé que la Croix Rouge lui avait remis le prisonnier et qu'elle l'avait transféré en Israël.
« J'ai discuté avec le président Trump aujourd'hui. Il m'a dit : 'Je m'engage auprès d'Israël, à continuer à travailler en étroite collaboration avec vous' afin d'atteindre tous nos objectifs de guerre : Libérer tous les otages et vaincre le Hamas », a déclaré Netanyahu dans une déclaration enregistrée.
Il a attribué la libération d'Alexander à la pression militaire d'Israël combinée aux efforts diplomatiques de Trump, la qualifiant de « combinaison gagnante ».
Alexander, détenteur de la double nationalité américaine et israélienne, a été libéré dans le cadre de négociations menées par les États-Unis avec le Hamas par l'intermédiaire de médiateurs, sans qu'Israël n'en soit informé ou n'y participe, selon les médias israéliens.
Par ailleurs, Channel 13 a cité un responsable israélien sous couvert d'anonymat qui a déclaré que la probabilité d'un élargissement des combats à Gaza avait diminué, en raison des pressions exercées par les États-Unis sur Israël pour qu'il achève les négociations relatives à l'échange de prisonniers.
« La libération d'Edan Alexander crée une dynamique, et nous essayons de saisir les opportunités dans les jours à venir », a ajouté le responsable.
Channel 12 a indiqué que « Washington n'a pas impliqué Israël dans les négociations qu'il a menées pour conclure un accord avec le Hamas en vue de la libération d'Edan Alexander ».
Israël a reçu des indications sur l'accord dès vendredi, mais celles-ci provenaient de sources non officielles, a ajouté la chaîne.
Dimanche matin, l'envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a contacté Netanyahu et le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, qui dirige l'équipe de négociation d'Israël, pour les informer de l'accord finalisé entre les États-Unis et le Hamas pour la libération d'Alexander, selon Channel 12.
Witkoff a présenté les informations à Netanyahu et Dermer comme une décision finale.
La chaîne, citant deux sources israéliennes sous couvert d'anonymat, a révélé que le chef d'état-major israélien Eyal Zamir a averti, lors d'une réunion à huis clos la semaine dernière: « Nous devons être prudents face à la possibilité que les États-Unis orchestrent une manœuvre dont nous ne sommes pas conscients, en préparation de la visite du président Trump. »
L'armée israélienne a refusé de commenter la déclaration attribuée à Zamir.
Les États-Unis, aux côtés de médiateurs égyptiens et qataris, font pression pour un échange de prisonniers et un cessez-le-feu à Gaza. Une délégation israélienne doit se rendre mardi à Doha, au Qatar, pour discuter d'un tel accord.
Ces événements coïncident avec la première tournée de Trump au Moyen-Orient depuis le début de son second mandat en janvier. Il se rendra en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis du 13 au 16 mai.
Israël estime que 58 captifs israéliens sont toujours détenus dans la Bande de Gaza, dont 21 seraient encore en vie.
Par ailleurs, plus de 9 900 Palestiniens croupissent dans des prisons israéliennes, où ils sont victimes de tortures, de privations de nourriture et de négligence médicale - des conditions qui ont entraîné de nombreux décès, selon des rapports de médias palestiniens et israéliens et d'organisations de défense des droits de l'homme.
Depuis octobre 2023, la guerre génocidaire israélienne a tué près de 52 900 Palestiniens dans la Bande de Gaza, dont une majorité de femmes et d'enfants.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés dans la Bande de Gaza.
Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre qu'il mène contre l'enclave palestinienne.
Source: AA