« Depuis janvier 2025, près de 70 000 personnes – principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées – ont fui les combats en RDC pour rejoindre le Burundi », a annoncé le Programme alimentaire mondial (PAM) dans un communiqué rendu public lundi.
Selon le PAM, c’est « le plus grand afflux de réfugiés qu’ait connu le Burundi depuis des décennies ».
« Chaque jour, de nouveaux réfugiés arrivent – certains portant des sacs et des paquets rassemblés à la hâte, d'autres n'ayant que les vêtements qu'ils portent », a déclaré Dragica Pajevic, directrice régionale adjointe du PAM pour l'Afrique de l'Est, actuellement sur le terrain pour soutenir les opérations au Burundi.
Et d'ajouter : " Le nombre de réfugiés a doublé en quelques semaines seulement, et bien que nous soyons reconnaissants du financement reçu à ce jour, il est tout simplement insuffisant. Nos ressources disponibles sont utilisées au-delà de nos capacités, et nous sommes contraints d'adapter nos opérations et de réduire les rations pour atteindre le plus grand nombre possible de personnes".
L'agence onusienne s’inquiète du fait que le mouvement transfrontalier vers les pays voisins de la République démocratique du Congo – notamment le Rwanda, l'Ouganda et la Tanzanie – s’intensifie à mesure que le conflit s'aggrave dans l'est du pays, menaçant d'aggraver la faim dans toute la région.
Sur les 70 000 personnes arrivées au Burundi en provenance de la RDC ces dernières semaines, 60 000 ont été enregistrées pour bénéficier d'une aide alimentaire, doublant ainsi le nombre total de réfugiés aidés par le PAM à 120 000 en quelques semaines seulement, note-t-on encore.
Les combats entre le groupe rebelle M23 et l’armée congolaise dans l’est de la RDC ont provoqué d’importants déplacements de population.
Le M23 a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
Source: AA