RDC : Le gouvernement met à prix les têtes de plusieurs dirigeants du M23

Le gouvernement congolais a mis à prix les têtes de plusieurs dirigeants du M23, groupe armé qui s’est notamment emparé, ces dernières semaines, de deux grandes villes de l’est du pays.

"Le ministre d'État, ministre de la Justice et garde des Sceaux annonce qu'une récompense de 5 000 000 USD est offerte à toute personne permettant l'arrestation des condamnés Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga", a annoncé le ministère congolais de la Justice dans un communiqué rendu public vendredi et consulté par Anadolu.

Ancien président de la Commission électorale nationale indépendante de la RDC (2015-2021), Corneille Nangaa est depuis 2023 chef de l'Alliance du fleuve Congo (AFC), dont fait partie le Mouvement du 23 mars (M23). Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga sont respectivement président et chef militaire du M23. Jugés par contumace à Kinshasa, les trois hommes ont été condamnés à mort par la justice militaire congolaise en août dernier.

Le ministère de la Justice annonce également "une prime de 4 000 000 USD" pour toute information menant à l'arrestation de "leurs complices en fuite, notamment Perrot Luwara, Irenge Baelenge, ainsi que d'autres individus recherchés".

"Une remise de peine sera accordée aux dénonciateurs impliqués, à l'exception des cas de crimes contre l'humanité", poursuit le ministère.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.

Une récente offensive-éclair lui a notamment permis de capturer depuis fin janvier dernier Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation avec lui est catégoriquement rejetée.

Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.

Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.

Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.

Source: AA

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