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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé son souhait de voir un soutien plus fort de la part du président américain Donald Trump, tout en critiquant l’exclusion de Kiev des négociations visant à mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
S’adressant à un groupe de journalistes à l’aéroport Esenboga d’Ankara après sa rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président ukrainien a déclaré : "J’aimerais que Trump soit davantage de notre côté. De nombreux Républicains et Démocrates nous soutiennent. Je ne veux pas perdre ce soutien."
"Nous constatons qu’ils sortent (le président russe Vladimir) Poutine de son isolement politique, mais c’est leur décision. Ils négocient", a-t-il ajouté.
Les déclarations de Zelensky interviennent après les pourparlers entre les États-Unis et la Russie à Riyad, en Arabie saoudite, marquant la première rencontre directe entre des diplomates américains et russes depuis le début du conflit, le 24 février 2022.
Le président ukrainien a également dénoncé l’exclusion de son pays des négociations de paix, mettant en doute la légitimité de discussions menées sans la participation de Kiev.
"Lorsqu’ils disent ‘voici nos plans pour mettre fin à la guerre’, cela soulève des questions pour nous. Où sommes-nous ? Où sommes-nous à cette table de négociation ? Cette guerre se déroule en Ukraine. Poutine tue des Ukrainiens, pas des Américains. Ni des Européens. Ce sont les Ukrainiens qui meurent", a-t-il affirmé.
"Nous voulons une paix juste, une paix durable, une paix soutenable", a-t-il ajouté.
Il a insisté sur l'importance d'avancer avec des pays capables de garantir la sécurité de l’Ukraine : "L’un des éléments les plus importants dans tout cela est que nous devons progresser avec des États qui peuvent réellement nous offrir des garanties de sécurité. Si ce n’est pas la fin de la guerre, mais un cessez-le-feu, alors bien sûr, c’est une étape essentielle vers la fin de la phase active du conflit."
Zelensky a souligné que des négociations de paix ne pouvaient avoir lieu sans la présence des deux parties, l’Ukraine et la Russie, et que l’ensemble du continent européen devait être représenté, au-delà de l’Union européenne.
Il a également indiqué avoir abordé la question de cette représentation avec le président français Emmanuel Macron, précisant que ce dernier avait échangé avec des dirigeants européens en France et que d’autres discussions étaient prévues.
Rencontre avec le président turc Erdogan
Lors de sa visite en Türkiye, Zelensky a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan, remerciant Ankara pour son hospitalité et son soutien à l’Ukraine.
"Nos discussions portent toujours sur des questions concrètes. Aujourd’hui, nous avons eu une négociation très approfondie. Bien que je ne puisse pas en révéler tous les détails, je peux dire que j’en suis satisfait", a-t-il déclaré à propos de son entretien avec Erdogan.
Le président ukrainien a souligné la nécessité d’un échange global de prisonniers, rappelant que de nombreux Ukrainiens, notamment des Tatars de Crimée emprisonnés pour leurs convictions religieuses, étaient toujours détenus en Russie. Il a également salué les efforts passés d’Erdogan dans la libération de prisonniers.
Par ailleurs, il a mis en avant la coopération entre l’Ukraine et la Türkiye dans le domaine de l’industrie de défense, évoquant les discussions en cours avec l’entreprise turque Baykar sur les drones longue portée et la construction de deux corvettes pour la marine ukrainienne, dont l’une est déjà achevée tandis que la seconde est prévue pour 2026.
Enfin, Zelensky a souligné que, malgré la guerre, le volume des échanges commerciaux entre la Türkiye et l’Ukraine avait dépassé les 6 milliards de dollars, exprimant sa confiance quant à l’atteinte des 10 milliards après l’approbation de l’accord de libre-échange. Il a ainsi invité le président Erdogan en Ukraine pour sa mise en œuvre.
"Nous devons intégrer un grand marché comme l’UE"
Concernant l’adhésion à l’OTAN, Volodymyr Zelensky a souligné que la majorité des dirigeants européens soutiennent l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance, à l’exception de la Slovaquie, de la Hongrie, de l’Allemagne et des États-Unis.
"Toutefois, le facteur américain joue un rôle déterminant dans l’orientation de ces opinions", a-t-il précisé, tout en rappelant que le président Erdogan soutenait l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN à l’avenir.
"Si l’OTAN n’est pas une option, alors de quelles garanties de sécurité parle-t-on ?", a-t-il interrogé, insistant sur le fait que son pays dispose d’une armée solide, mais qu’elle a un besoin constant d’armes et de financements pour se maintenir.
Soulignant également la nécessité de garanties en matière de sécurité économique, Zelensky a déclaré : "Pour cela, nous devons intégrer un grand marché comme l’Union européenne."
Les minerais stratégiques de l’Ukraine
Évoquant un projet de proposition des États-Unis visant à donner à Washington un accès aux minerais rares ukrainiens, le président ukrainien a pointé du doigt l’absence de garanties sécuritaires, estimant que cela ne serait pas juste pour Kiev.
"Je suis toujours ouvert aux investissements dans notre pays, dans nos ressources naturelles. Je suis convaincu que notre société et notre parlement soutiennent cela. Mais si nous devons donner quelque chose, nous devons aussi recevoir en retour. C’est cela, la justice", a-t-il affirmé.
Zelensky a rappelé que l’Ukraine possède d’importantes ressources naturelles, notamment du gaz naturel, du pétrole et des terres rares, dont une grande partie est sous occupation russe, soulignant ainsi la nécessité de libérer ces territoires.
"Nous ne voulons pas être un simple fournisseur de matières premières pour un quelconque continent. Il ne s’agit pas d’amitié ou de partenariat. C’est inscrit dans notre Constitution. En tant que président, je ne violerai pas la Constitution. Je protégerai notre terre et nos intérêts", a-t-il conclu.
Source: AA