La tension sur certains produits alimentaires se fait de plus en plus récurrentes ces derniers temps. La crise de la distribution du lait en sachet s’installe dans la durée.
D’autres produits sont concernés par des crises qui ne se dissipent pas au fil des jours, comme c’est le cas pour l’huile de table (celle dont le prix est plafonné par l’Etat), même si une légère amélioration avait été enregistrée au niveau de certaines régions du pays.
Les files d’attente devant les bureaux de poste se font récurrentes aussi en raison du problème de liquidité qui est toujours là. Les images de foules compactes constituées devant un camion de distribution de Giplait, à Bab El Oued (Alger), ayant circulé, hier, en sont la parfaite illustration.
Comment se fait-il que les autorités n’ont pas encore réglé la «crise» du lait en sachet qui dure depuis plusieurs années maintenant ? Au-delà du débat autour de l’abandon des subvenions, certains voient en cette option l’unique moyen pour y remédier, c’est la problématique de l’effondrement du niveau de vie de larges couches de la société qui pose question.
Il faut dire que les prix des produits alimentaires, et là il ne s’agit pas spécialement des produits subventionnés, ont connu ces derniers mois d’importantes hausses, mettant en difficulté beaucoup de familles. Les prix des pâtes alimentaires, par exemple, ont connu, en l’espace de quatre mois, une hausse de près de 100%.
Des industriels ont tenté de donner des explications : chute de la valeur du dinar, hausse des coûts du fret et celle des prix des matières premières sur le marché international… Quelle qu’en soit la raison, le résultat est que cela se répercute directement sur les bourses des citoyens qui, majoritairement, n’ont pas vu leur revenu suivre la même courbe ascendante.
Ces images, frappantes, des très longues files d’attente rappellent un passé plus ou moins lointain, où à la fin des années 1980, les citoyens se ruaient, vers les «souk el fellah» (Galeries algériennes) du coin pour pouvoir s’offrir le produit alimentaire disponible. C’était la période du PAP (plan anti-pénurie).
75 000 DA pour vivre «dignement» ?
En tout cas, il est clair que la perturbation dans la distribution de ces produits, causée tantôt par l’obligation de la facturation, tantôt par une hausse de leurs prix à leur sortie d’usine, ou même en raison d’une spéculation, n’est pas la seule explication à la constitution de ces longues files d’attente.
Face à l’érosion de la valeur du dinar et la hausse graduelle des prix des produits alimentaires, il est tout à fait normal que la tension augmente sur les produits de première nécessité, notamment ceux qui sont subventionnés, et qui sont à la portée de tous. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe au niveau des boulangeries.
Même si les pains améliorés sont disponibles et bien visibles sur les étals (la baguette cédée à 15, 20 DA ou plus), beaucoup de consommateurs se mettent à attendre la sortie du four de celui qui est vendu à 10 DA. Au mois de janvier dernier, le secrétaire général de l’UGTA, Salim Labatcha, avait indiqué qu’il fallait un salaire de 75 000 DA pour qu’un Algérien puisse vivre dignement. Des syndicats autonomes avancent un chiffre encore plus élevé.
La faiblesse des salaires de beaucoup d’Algériens, conjuguée à la hausse des prix des produits alimentaires, auxquelles s’ajoutent les retombées de la crise sanitaire sur le plan socio-économique, ont précipité un grand nombre d’Algériens dans la précarité. Ceux-là, dans beaucoup de cas, n’ont d’autre choix que de se ruer sur les produits subventionnés. Quitte à passer plusieurs heures dans les files d’attente…
Source : El Watan