L’ancien conseiller et frère du président déchu a nié toute implication dans l’affaire d’acquisition du matériel devant servir au lancement d’une chaîne de télévision de propagande pour le 5e mandat.
Plus de trois mois après sa mise sous mandat de dépôt, Saïd Bouteflika, l’ancien conseiller et frère du président déchu, a été auditionné, hier par le juge près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, dans le fond dans une affaire civile pour laquelle il est poursuivi pour blanchiment d’argent, financement occulte de partis politiques et bénéfice de biens issus d’infraction criminelle.
Dans cette affaire, Saïd Bouteflika est notamment accusé d’être derrière l’importation, jugée illégale, de matériel de diffusion audiovisuelle dans le but de créer une chaîne de propagande dans le cadre du cinquième mandat pour le président déchu. Cette chaîne, qui devait s’appeler “El Istimririya TV”, devait appartenir à Ali Haddad.
L’acquisition du matériel avait été financée par une partie des sommes colossales récoltées en faveur de la campagne électorale. Le sujet a été largement commenté lors des différents procès d’Ali Haddad et d’autres hommes d’affaires. Mais c’est la première fois que Saïd Bouteflika, qui avait refusé de s’exprimer lorsque le juge l’avait ramené comme témoin en 2020, a été auditionné.
Hier, Saïd Bouteflika a donc été extirpé de sa cellule. C’est un homme qui “se porte bien”, selon ses avocats, qui a répondu, durant près de deux heures, aux questions du juge. Selon Me Khaled Bourayou, un des avocats de la défense, l’ancien conseiller du chef de l’État a “nié toutes les accusations”. “Il ne comprend toujours pas pourquoi il est mis sous mandat de dépôt dans une affaire dans laquelle il n’a rien à voir”, indique l’avocat.
Sur le fond, Saïd Bouteflika a expliqué au juge qu’il “n’a rien à voir” dans une campagne électorale qui “concernait son frère, le président de la République”. Puis, “l’instruction s’est focalisée sur sa relation” avec Ali Haddad, l’homme d’affaires proche des Bouteflika qui s’est avéré être au cœur du financement de la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika qui briguait un cinquième mandat présidentiel.
Pour Khaled Bourayou, l’ancien conseiller du chef de l’État n’avait “jamais entendu parler” de l’acquisition de ce matériel. “Ce n’est que lors d’une discussion avec Ali Haddad que j’ai entendu parler de ce matériel”, se serait défendu Saïd Bouteflika. Pourtant, le juge relance le détenu sur le fait que cette chaîne devait servir de canal de propagande pour un cinquième mandat. “Saïd Bouteflika a répondu qu’il ne connaissait même pas le nom de la chaîne”, atteste Khaled Bourayou.
Pour la défense de l’ancien homme fort du régime Bouteflika, “les infractions qui ont été collées à Saïd Bouteflika, sont injustes puisqu’aucun des témoins entendus n’a prononcé son nom et son implication dans cette affaire de chaîne de télévision n’a jamais été avérée”. Parmi les témoins, Ali Haddad et d’anciens cadres qui ont servi dans la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika.
Pour cela, Saïd Bouteflika “trouve que sa mise sous mandat de dépôt est une décision qui ne sanctionne pas correctement ni les faits ni les infractions”, insiste Me Bourayou. Après avoir été acquitté dans l’affaire du “complot” par le tribunal militaire de Blida, Saïd Bouteflika est poursuivi dans au moins deux affaires au civil.
Outre ce dossier lié au financement de la campagne électorale de son frère pour l’élection avortée de 2019, il doit répondre devant la justice dans une autre affaire liée à des pressions qu’il aurait exercées sur des juges pour changer le cours du procès concernant des personnalités proches du régime. Il va comparaître en compagnie de l’ancien garde des Sceaux, Tayeb Louh, qui, lui aussi, est en prison depuis bientôt deux ans.
Source : La Liberte