Les présidents de deux chambres du Parlement de la République démocratique du Congo (RDC) ont décidé de convoquer séparément, une session extraordinaire, ce mardi, "pour statuer sur cette situation d’urgence nationale dans l'Est de la RDC", a annoncé le rapporteur de la chambre basse du Parlement, Jacques Djoli.
"Le lundi 03 février 2025, le président de l’Assemblée nationale, le Pr Vital Kamerhe et celui du Sénat Jean-Michel Sama Lukonde, accompagnés de leurs rapporteurs respectifs, ont échangé autour des modalités de l’organisation d’une session extraordinaire, mardi 04 Février 2025 à 14h, pour statuer sur cette situation d’urgence nationale dans l’est de la RDC", a déclaré devant la presse Jacques Djoli, relayé par l'Agence congolaise de presse (ACP / Officielle).
Les débats "porteront spécifiquement sur l’examen de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo et la proposition d’un plan de sortie de crise sur le plan politique et diplomatique", note l'ACP, précisant que les bureaux de deux chambres du Parlement ont décidé que ces deux séances plénières se tiendront à huit-clos.
Après d'intenses affrontements avec les Forces armées congolaises (FARDC), les rebelles du M23 ont pris, la semaine dernière, le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Cette offensive a causé plus de 700 morts et des milliers de blessés, tout en déclenchant une grave crise humanitaire marquée par des pénuries et des déplacements massifs de populations.
L'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé, lundi soir, dans un communiqué, un cessez-le-feu à partir du 4 février 2025, "pour des raisons humanitaires". Une annonce à laquelle les autorités congolaises n'ont encore pas réagi.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la MONUSCO. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, "la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda". "La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)", avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
Source: AA