Renvoi de l’influenceur algérien "Doualemn" vers la France: Barrot dénonce "un précédent grave"

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé mercredi "un précédent grave" après le renvoi vers la France de l’influenceur algérien "Doualemn", reconduit à la frontière après une vidéo appelant à la violence sur le réseau social TikTok.

Au cours de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement, le chef de la diplomatie a indiqué, "le président de la République et le Premier ministre réuniront dans les prochains jours les ministres concernés pour évaluer les suites à donner et les mesures à prendre" alors que le torchon brûle entre Paris et Alger.

"La relation entre la France et l’Algérie n’est pas une relation comme les autres" a-t-il plaidé, estimant néanmoins que "les autorités algériennes" ont "adopté une posture d’hostilité".

Et de poursuivre: "La France est un pays souverain qui choisit les termes de ses alliances avec d’autres pays et ce que la France entend construire avec le Maroc n’enlève rien à ce que la France entend construire avec l’Algérie".

S’agissant de la polémique liée aux influenceurs algériens mis en cause pour des vidéos appelant à la violence sur les réseaux sociaux, Jean-Noël Barrot a rappelé que "Doualemn a été frappé par un arrêté ministériel d’expulsion" et l’accuse de "s’être livré à des appels au meurtre".

"Reconduit à la frontière, il a été renvoyé par l’Algérie alors même qu’il détenait un passeport biométrique. C’est une violation des textes qui régissent notre relation et c’est un précédent que nous considérons comme grave. Il est aujourd’hui détenu dans un centre de rétention administrative et judiciarisé" a déclaré le ministre.

Jean-Noël Barrot s’est également exprimé concernant "la détention de Boualem Sansal", écrivain franco-algérien, et "dont les raisons de la détention sont considérées par la France comme parfaitement infondées".

Le chef de la diplomatie s’est dit prêt "à aller à Alger" et assure que "ni l’Algérie ni la France n’ont intérêt à ce que s’installe une tension durable entre deux pays voisins, de grands pays de la Méditerranée".

Ces déclarations interviennent alors que la diplomatie algérienne a publié, samedi, un communiqué de presse dans lequel elle accuse "l’extrême-droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français" de mener "une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l'Algérie".

Jugeant "arbitraire et abusive" l’expulsion de "Doualemn", la diplomatie algérienne considère qu’elle "a fourni à cette partie nostalgique de la France l'occasion de donner libre cours à ses règlements de compte historiques avec l'Algérie souveraine et indépendante".

Cette occasion a été bien mal-choisie. En effet, le ressortissant objet de l'expulsion vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d'un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans", poursuit le communiqué de presse.

La diplomatie algérienne affirme à cet effet que "l’ensemble de ces données lui confère indubitablement des droits que son expulsion précipitée et contestable l'a empêché de faire valoir tant devant les juridictions françaises qu'européennes" et qu’il n’a donc pas "pu bénéficier d'un procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l'abus de pouvoir, dans la mesure où son ordre d'expulsion, s'il avait été mené à son terme, l'aurait privé de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février de l'année en cours".

L’Algérie entend, par le renvoi de l’influenceur vers la France "lui permettre de répondre aux accusations qui sont portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d'un processus judiciaire juste et équitable sur le territoire français".

Source: AA

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