La ministre allemande de l'intérieur, Nancy Faeser, a appelé à un plus grand respect envers les immigrés bien intégrés, mettant en garde contre la rhétorique déshumanisante des partis d'opposition à l'approche des élections anticipées du mois prochain.
Dans une interview accordée au journal Rheinische Post et publiée mercredi, Faeser a rappelé que « près de 25 millions de personnes en Allemagne sont issues de l'immigration. Leurs parents ou eux-mêmes sont des immigrés. Cela représente près de 30 % de notre population ».
« Ils font depuis longtemps partie intégrante de notre société et font fonctionner notre pays dans de nombreux domaines : dans les hôpitaux et les établissements de soins, dans les entreprises et l'industrie. Ce que font ces personnes mérite plus de respect », a-t-elle ajouté.
La ministre sociale-démocrate a critiqué les chrétiens-démocrates de centre-droit (CDU/CSU) pour leurs projets visant à annuler la nouvelle loi allemande sur la citoyenneté et à révoquer la citoyenneté des personnes ayant une double nationalité.
« Si la CDU/CSU commence à discuter de la manière dont les gens peuvent être dépouillés de leur citoyenneté allemande, cela donne le sentiment qu'il y a des citoyens de première et de deuxième classe », a averti Faeser.
Et d’expliquer : « Dans la compétition mondiale pour attirer les travailleurs qualifiés, c'est exactement le contraire qu'il nous faut : de bonnes perspectives d'avenir et la sécurité en Allemagne. Les ouvriers et les travailleurs qualifiés ne viendront que s'ils peuvent s'intégrer pleinement, au lieu d'avoir à craindre l'exclusion ».
La ministre a adressé ses plus vives critiques à la proposition de « remigration » formulée par le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) - un terme vague que le parti utilise pour décrire les déportations massives d'immigrés et de citoyens allemands d'origine étrangère.
« Le fait que l'AfD veuille apparemment déporter des gens en masse sous le terme de ‘remigration’ montre non seulement son mépris pour l'humanité, mais aussi à quel point cela nuirait à l'Allemagne en tant que pôle économique. Cela coûterait des emplois », a-t-elle déclaré.
Les partis de droite et les partis populistes ont fait de l'immigration leur cheval de bataille électoral à l'approche des élections allemandes du 23 février.
Selon un sondage YouGov publié mercredi, l'AfD, parti anti-immigration, serait crédité de 21 % des intentions de vote, ce qui en ferait le deuxième parti derrière le bloc conservateur CDU/CSU (30 %). Le parti social-démocrate (SPD) du chancelier Olaf Scholz serait lui crédité de 18 % des intentions de vote, devant les Verts crédités de 14 %.
Source: AA