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- Le 22 Novembre 2024
L'ancien président républicain, visé par un procès en destitution à la suite de l'assaut du Capitole le 6 janvier, a salué la fin d'une «chasse aux sorcières». Se tournant vers l'avenir, il a promis de continuer à défendre «la grandeur de l'Amérique».
Le Sénat a acquitté Donald Trump par 57 voix contre 43, le déclarant innocent de l'accusation d'incitation à l'insurrection votée contre lui par la chambre des représentants. Samedi après-midi, au cinquième jour de son deuxième procès en destitution, trois semaines après la fin de son mandat, l'ancien président se voit une nouvelle fois acquitté par la chambre haute américaine.
Mais à la différence de son précédent procès en février 2020, où un seul sénateur républicain avait voté contre lui, sept élus de son propre parti ont cette fois rejoint les démocrates. Leur nombre n'était pas suffisant pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaires pour la condamnation, mais ce vote reste significatif.
Au cours du procès, les représentants démocrates ont fait valoir que l'attaque des émeutiers contre le Capitole pendant la session plénière du Congrès le 6 janvier dernier avait eu lieu à l'instigation de Trump. Ils ont rappelé comment Trump avait répété pendant des mois que l'élection lui avait été volée, puis avait enjoint ses partisans rassemblés près de la Maison-Blanche ce matin-là de «se battre comme des diables» pour changer le résultat. Des émeutiers avaient ensuite investi le Capitole, forçant les sénateurs et les représentants à suspendre leur session. Cinq personnes sont mortes pendant cette journée.
Les avocats de Trump ont fait valoir que les émeutiers avaient agi de leur propre chef et qu'il était protégé par la liberté d'expression, un argument qui a trouvé un écho chez la plupart des républicains. Ils ont déclaré que l'affaire avait été provoquée par la «haine» des démocrates envers Trump, et rappelé que les démocrates avaient eux-mêmes soutenus de violentes émeutes pendant l'été, utilisant parfois le même vocabulaire incendiaire. Outre le fait d'avoir lieu après la fin de son mandat, le procès de Donald Trump avait d'autres caractéristiques singulières. Il se déroulait sur les lieux mêmes des faits dont il était accusé, et les jurés avaient été aussi les témoins, les victimes potentielles et, pour certains, les complices des événements en question.
Le procès a failli être prolongé samedi matin quand les démocrates ont demandé à la dernière minute de recevoir la déposition de témoins, ce qui aurait pu retarder le vote. Mais les deux parties sont finalement parvenues à un accord pour ajouter au procès-verbal une déclaration d'un représentant républicain concernant un coup de téléphone le jour de l'émeute entre Trump et le chef de la minorité parlementaire Kevin McCarthy, où l'ancien président ne s'était guère ému de la violence de ses partisans. Les deux partis étaient désireux d'en finir. Les républicains pour clore un épisode embarrassant pour leur parti. Les démocrates pour laisser le président Joe Biden appliquer son programme et faire certifier les nominations de son gouvernement par le Sénat.
La défense de Donald Trump avait dénoncé l'hypocrisie et le double standard pratiqué par les démocrates. Michael Van der Veen, l'un de ses avocats, avait dénoncé une «vendetta politique», de la part des démocrates, qui ont essayé de le destituer systématiquement depuis son élection en 2016, et continuent alors qu'il n'est plus qu'un simple citoyen. «Il est temps d'en finir avec cette farce politique inconstitutionnelle, il est temps de s'occuper des vrais problèmes.»
Jamie Raskin, le représentant démocrate du Maryland, qui avait prononcé le réquisitoire contre l'ancien président, a relevé le changement d'argumentaire de la défense, qui avait reconnu qu'il s'agissait bien d'une insurrection, après l'avoir nié. «Vous avez raison», a-t-il lancé à la défense, «il n'y a pas de précédent à cette action à l'incitation d'un président, et c'est pourquoi le Sénat doit définir ce qu'est une insurrection». «L'ancien président ne risque pas la prison : la destitution est là pour nous protéger tous, pour protéger le Congrès, les États-Unis contre de telles actions.»
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a qualifié le vote d'acquittement de Donald Trump de «jour d'infamie dans l'histoire du Sénat». Le jour de l'émeute du 6 janvier est l'«héritage final et terrible» de Trump, a aussi dit Schumer, et la tache de ses actions «ne sera jamais effacée».
L'acquittement ne faisait guère de doute, surtout depuis la veille, quand Mitch McConnell, l'influent chef de la minorité républicaine au Sénat, avait déclaré qu'il votait contre la condamnation de l'ancien président. McConnell a cependant pris la parole après le scrutin pour rappeler qu'il ne fait toujours «aucun doute» que Trump était «pratiquement et moralement responsable d'avoir provoqué l'attaque contre le Capitole», et qu'il n'avait voté contre sa condamnation que parce qu'il n'est plus président, ce qui rendait la procédure inconstitutionnelle. Sa condamnation aurait selon lui créé un dangereux précédent qui aurait donné au Sénat «le pouvoir de condamner des rivaux politiques pour les empêcher d'exercer de futures fonctions».
Trump a aussitôt réagi par un message plein de défi. «C'est un triste constat sur notre époque qu'un parti puisse impunément dénigrer l'état de droit, diffamer les forces de l'ordre, acclamer les émeutiers, excuser les pillards et transformer la justice en un instrument de vengeance politique, pour persécuter, mettre sur liste noire, annuler et effacer toutes les personnes et tous les points de vue avec lesquels ils sont en désaccord… Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la plus grande chasse aux sorcières de l'histoire de notre pays. Aucun président n'a jamais vécu une telle expérience, et elle se poursuit parce que nos adversaires ne peuvent oublier les quelque 75 millions de personnes qui ont voté pour nous il y a quelques mois à peine».
«Notre mouvement historique, patriotique et magnifique pour rendre sa grandeur à l'Amérique ne fait que commencer. Dans les mois à venir, j'aurai beaucoup à partager avec vous, et je me réjouis de poursuivre notre incroyable parcours... Nous avons beaucoup de travail devant nous... Ensemble, il n'y a rien que nous ne puissions accomplir», a conclu Trump.
Le nouveau président Joe Biden a pour sa part réagi en signalant que la démocratie était «fragile». «Même si le vote final n'a pas abouti à une condamnation, le fond de l'accusation n'est pas contesté», a-t-il rappelé dans un communiqué.
Source : lefigaro