Neuvième jour de manifestations en Birmanie

La junte au pouvoir depuis le 1er février multiplie les arrestations nocturnes et menace de poursuites quiconque hébergera des militants recherchés.

Face à une mobilisation qui ne faiblit pas, la junte au pouvoir en Birmanie accroît au contraire sa répression contre les manifestations massives organisées contre leur coup d’Etat. Dimanche 14 février au matin, pour le neuvième jour consécutif, les Birmans ont commencé à descendre dans les rues, se rassemblant par centaines près de la célèbre pagode Shwedagon, dans le centre de Rangoun, la capitale économique, pour réclamer le retour de la démocratie et la libération de leur leader.

La junte menée par le général Min Aung Hlaing a, quant à elle, publié une liste de sept activistes parmi les plus renommés du pays, qu’elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations. « Si vous trouvez des fugitifs mentionnés ci-dessus ou si vous avez des informations à leur sujet, signalez-vous au poste de police le plus proche », a rapporté dimanche un communiqué dans les médias d’Etat. « Ceux qui les hébergent seront [confrontés] à des actions conformément à la loi. »

Parmi la liste des sept « fugitifs » figure notamment Min Ko Naing, une figure du mouvement étudiant de 1988, qui a passé plus de 10 ans en prison pour son rôle dans des manifestations contre la dictature de l’époque.

« Ils arrêtent les gens la nuit et nous devons être prudents », a-t-il déclaré quelques heures avant l’émission de son mandat d’arrêt, dans une vidéo publiée samedi sur Facebook, en violation de l’interdiction formulée par la junte d’utiliser le réseau social. « Ils pourraient sévir avec force et nous devrons être préparés », a-t-il ajouté.

Comités de vigilance citoyenne

Depuis le début du mouvement, les militaires ont déjà placé en détention environ 400 responsables politiques, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des médecins ou des étudiants.

Min Aung Hlaing a donné samedi des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre, qui peuvent mener des perquisitions à domicile sans mandat ou détenir des personnes pour une courte période sans autorisation d’un juge.

Vendredi soir, des comités de vigilance citoyenne ont vu spontanément le jour à travers la Birmanie, chargés de surveiller leur voisinage en cas d’opérations menées par les autorités pour arrêter des opposants.

La junte affirme avoir pris le pouvoir en respectant la constitution et a ordonné aux journalistes du pays d’arrêter de parler d’elle comme d’un « gouvernement de coup d’Etat »« Nous informons (…) les journalistes et les organes de presse de ne pas écrire dans le but de provoquer des troubles publics », est-il écrit dans un communiqué envoyé samedi par le ministère de l’Information au club des correspondants étrangers. Il a également été demandé aux journalistes de suivre « l’éthique des médias d’information » lorsqu’ils rapportaient les événements dans le pays.

La situation en Birmanie a fait l’objet de nombreuses condamnations internationales depuis deux semaines, mais rien de nature à faire bouger les militaires.

Source : Le Monde avec AFP

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