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- Le 27 Novembre 2024
Le procureur spécial de la Cour de répression des Infractions économique et du terrorisme (Criet) du Bénin, a annoncé l’arrestation de cinq Nigériens sur la plateforme pétrolière de Sèmè-Kpodji pour s’y être ‘’frauduleusement introduits’’. Cette plateforme, propriété de la société chinoise West African Oil Pipeline Company SA (Wapco), se situe à une trentaine de kilomètres de Cotonou.
‘’Dans la soirée du mercredi 05 juin 2024, des informations de sources dignes de foi qui me sont parvenues ont fait état de ce que des personnes se sont frauduleusement introduites sur le site de la station terminale de Wapco Bénin à Sèmè-Kpodji’’, a déclaré jeudi soir à la presse, le procureur spécial de la Criet, Mario Elon’m Metonou.
Le magistrat précise qu’au lieu de passer par l’entrée officielle du site, ces personnes ont pris une porte ‘’dérobée’’ située à l’arrière du site. Le procureur souligne que Samou Seïdou Adambi, le ministre béninois de l’Energie, de l’Eau et des Mines a pourtant informé l’administrateur de Wapco-Bénin que pour des raisons de sécurité, les autorités ont décidé de renforcer les contrôles à l’entrée de la plateforme pétrolière.
Dans ces déclarations, M. Metonou indique que les mis en cause se sont présentés comme des agents de Wapco Niger et qu’en cette qualité ils n’ont pas besoin de s’enregistrer à la guérite. Toutefois, pour le procureur spécial de la Criet, cette justification n’est pas acceptable compte tenu de la sensibilité du site.
Et M. Metonou d’ajouter ‘’qu'à l’étape actuelle, l’enquête à formellement établi qu’au moins deux parmi ces personnes, sont des agents nigériens au service du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Ces personnes se sont faites confectionner pour la circonstance de faux badges d’employés de Wapco-Niger’’.
Le procureur spécial de la Criet signale pour finir que des investigations sont en cours pour savoir les motivations réelles des personnes interpellées ‘’dans un contexte où des informations récurrentes font état de la planification d’actes d’atteintes à la sécurité de l’Etat du Bénin.’’
Ces arrestations constituent le dernier acte posé dans le bras de fer diplomatique qui oppose Cotonou à Niamey depuis la prise de pouvoir des militaires au Niger en juillet 2023 après avoir déposé le président Mohamed Bazoum. Suivant la décision de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Bénin avait fermé sa frontière terrestre avec le Niger empêchant surtout à Niamey d’avoir accès au port de Cotonou par où transite l’essentiel de ses marchandises. Le président Patrice Talon faisait partie des tenants de la ligne dure qui menaçait d’entreprendre une opération militaire pour réinstaller Mohamed Bazoum.
Toutefois, quand la Cédéao a levé ses sanctions, les autorités nigériennes ont refusé d’ouvrir leur frontière avec le voisin béninois. Pour se justifier, Niamey accuse Cotonou d’abriter des bases de l’armée française dont l’objectif est de déstabiliser le pouvoir nigérien. Malgré le démenti et les assurances des autorités béninoises, le CNSP au pouvoir à Niamey n’a pas ouvert la frontière.
En réponse, le 06 mai 2024, le président Patrice Talon a décidé d’interdire les eaux béninoises aux navires qui viendront embarquer le pétrole brut du Niger. Une semaine plus tard, il se ravise suite à une médiation engagée par les partenaires chinois et accorde une autorisation provisoire aux navires qui étaient dans les eaux béninoises. Une faveur qui selon les services de la Présidence béninoise devait permettre d’évaluer la situation du côté nigérien.
Cependant, dans un message daté du 03 juin 2024, le ministre béninois de l’Energie, de l’Eau et des Mines, Samou Seïdou Adambi, a annoncé à la société Wapco que le Bénin s’engage désormais à remplir pleinement sa part du contrat. Plus précisément, cela veut dire que l’interdiction de charger les navires sur la plateforme de Sèmè-Kpodji est complètement levée.
Pour rappel, la société chinoise West African Oil Pipeline Company SA (Wapco) a financé la construction d’un pipeline de plus de 2000 kilomètres entre les deux pays pour exporter le pétrole brut qui vient d’Agadem dans le sud-est du Niger. L’infrastructure dont plus de 600 kilomètres traverse le territoire béninois, aboutit à la plateforme de Sème-Kpodji dans le sud du Bénin où les navires doivent venir charger le pétrole brut.
Source: AA