Des milliers de manifestants israéliens exigent un accord immédiat d'échange de prisonniers avec le Hamas

Des milliers d'Israéliens ont manifesté au soir de ce mardi, pour la troisième journée consécutive, devant le bâtiment de la Knesset (Parlement israélien) à Jérusalem-Ouest et devant le ministère de la Défense à Tel Aviv, pour exiger des élections anticipées et un accord immédiat pour libérer les prisonniers israéliens à Gaza.

Les manifestants rassemblés devant la Knesset, parmi lesquels se trouvaient plusieurs membres des familles des prisonniers israéliens, ont scandé des slogans accusant le Premier ministre Benyamin Netanyahu d'être responsable de l'échec d'un accord d'échange de prisonniers, rapporte le journal israélien Yedioth Ahronoth.

Les manifestants ont brandi des banderoles affichant les termes "Deal Now" et "Sauvez Israël de vous-même (Netanyahu)".

L'escalade des protestations est montée d'un cran après le retour de la délégation de négociation israélienne, ce mardi, de la capitale égyptienne le Caire, à la suite d'une série de négociations visant à parvenir à un accord d'échange de prisonniers et à un cessez-le-feu entre Tel-Aviv et le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Or, les efforts n'ont abouti à aucun résultat tangible.

Dans un discours prononcé au sein des manifestations, l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak (au pouvoir de 1999 à 2001), a déclaré : "Nous exigeons que des élections aient lieu maintenant".

"Nous sommes en colère. En fin de compte, il est clair pour tout le monde que l'entrée à Rafah ne se fera qu'après quelques semaines, et cela peut prendre quelques mois, et d'ici là, presque toutes les personnes kidnappées reviendront dans des cercueils", a-t-il fustigé.

Barak a aussi ajouté que "Celui qui a abandonné les prisonniers le 7 octobre est prêt à les sacrifier".

L'ancien Premier ministre a estimé que même si la libération des détenus impliquait un cessez-le-feu, cela devrait avoir lieu, "mais si Israël se soumet à celui qui le dirige (Netanyahu), les prisonniers pourraient ne pas revenir".

Barak a également expliqué que le fait d'"Exiger des élections maintenant n'est pas une punition pour un échec, ni une punition pour la conduite de la guerre. C'est un appel d'urgence tourné vers l'avenir".

"Nous avons face à nous des épreuves de combat difficiles par rapport à ce que nous avons connu. Nous avons également face à nous (la tâche de) restaurer la dissuasion. Cela ne peut pas être fait par un gouvernement et un dirigeant qui ont complètement perdu la confiance du public. Nous devons passer ces épreuves avec le gouvernement qui sera élu. Je crois que le peuple prendra la décision", a-t-il anticipé.

Et d'ajouter : "Nous devons faire grève et stopper l'économie, l'Histadrout (Confédération syndicale de travailleurs israéliens) et les autorités locales devront paralyser l'État".

De son côté, Einav Zangauker, la mère de Matan prisonnier à Gaza, s'en est vivement pris à Netanyahu et l'a accusé de mener une campagne contre les familles des prisonniers.

S'adressant à Netanyahu, Zangauker a déclaré : "Je vous suggère d'écouter attentivement mes paroles. Vous êtes le Pharaon qui nous a infligé le coup mortel du premier-né. Vous avez échoué, et sur vos mains, il y a le sang de 1 400 morts et de 240 kidnappés".

"À cause de vous, mon fils Matan a été enlevé et torturé là-bas. C'est à cause de vous, et c'est de votre faute", a-t-elle accusé, avant d'ajouter, "Vous (Netanyahu) menez une campagne contre moi, contre les familles d’otages, vous vous êtes retournés contre nous. Vous nous appelez ‘traîtres’ quand vous êtes le traître, un traître à votre peuple, à vos électeurs, à l’État d’Israël, et vous êtes un obstacle à la conclusion d'un accord (pour l'échange de prisonniers)".

Zangauker s'est insurgée contre le Premier ministre en affirmant : "Nous continuerons à te poursuivre, Netanyahu. Nous mettrons le feu au pays et nous ferons trembler la terre. Tu n'auras ni jour ni nuit, et aussi longtemps que j'attendrai (le retour de mon fils), qui n’a ni jour ni nuit, vous n’aurez ni l’un ni l’autre".

Dans un même contexte, des centaines de personnes ont manifesté devant le bâtiment du ministère israélien de la Défense à Tel Aviv (centre).

Les manifestants, dont la plupart étaient des familles de prisonniers, ont scandé des slogans tels que "Libérez-les tous", "Un accord maintenant" et "Rendez-les-nous maintenant", selon ce qui a été rapporté par le quotidien Yedioth Ahronoth.

Le Qatar, l'Égypte et les États-Unis poursuivent leurs efforts afin de parvenir à un accord d'échange de prisonniers et à un deuxième cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Un premier, accord était entré en vigueur durant une semaine jusqu'au début décembre 2023, et s'est soldé par un échange de prisonniers et l'entrée d'une aide limitée dans la bande de Gaza.

Tel Aviv détient au moins 9 100 prisonniers palestiniens dans ses geôles, alors que les estimations font état d'environ 134 prisonniers israéliens à Gaza, dont la mort de 70 d'entre eux, avait été annoncée par le Hamas suite à des frappes israéliennes.

Depuis le 7 octobre, Israël mène des opérations militaires meurtrières dans la Bande de Gaza qui ont fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures, qui ont valu à Tel Aviv de comparaître devant la Cour internationale de Justice pour des accusations de "génocide".

Source: AA

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