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- Le 22 Novembre 2024
La Knesset a adopté, lundi, une loi permettant d'interdire à Al Jazeera d'émettre à partir d'Israël.
La loi a été adoptée par 71 voix contre 10 en deuxième et troisième lecture, lors d'une séance plénière de la Knesset.
En vertu de cette loi, le ministre des communications sera habilité à fermer les stations étrangères opérant en Israël et à confisquer leur équipement, si le ministre de la défense estime que leurs programmes constituent "une menace réelle pour la sécurité de l'État".
À la suite de l'adoption de la loi, le ministre israélien des communications, Shlomo Karhi, a affirmé que la chaîne Al Jazeera, financée par le Qatar, serait interdite de diffusion à partir d'Israël "dans les prochains jours".
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait assuré, lundi, qu'il allait "agir immédiatement pour fermer Al Jazeera", après l'adoption du projet de loi à la Knesset.
Les États-Unis ont qualifié de "préoccupante" l'adoption du projet de loi visant à interdire les activités d'Al Jazeera.
"Nous croyons en la liberté de la presse. Elle est essentielle. Elle est d'une importance capitale. Les États-Unis soutiennent le travail essentiel des journalistes du monde entier, y compris ceux qui couvrent le conflit à Gaza", a déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche, lors d'un point de presse.
Al Jazeera dispose d'un bureau en Israël et d'une équipe de correspondants travaillant toute l'année, notamment pour couvrir la guerre actuelle d'Israël contre la Bande de Gaza
Ce dernier développement ne manque pas de rappeler le drame vécu par le journaliste Wael Al-Dahdouh, chef du bureau de Gaza de la chaîne qatarie, qui avait perdu son épouse, deux de ses enfants et un petit-fils dans une frappe sur le camp de réfugiés de Nousseirat (centre de la Bande de Gaza) fin octobre. Son fils, Hamza Al-Dahdouh, qui travaillait également pour al-Jazeera a été tué par une frappe israélienne contre l'enclave palestinienne assiégée, le 7 janvier.
Le 11 mai 2022, la correspondante d’Al-Jazeera Shireen Abu Akleh, ressortissante américano-palestinienne, avait été assassinée par l'armée israélienne. Celle-ci avait alors laissé entendre que la journaliste avait probablement été tuée par le tir "malencontreux" d'un soldat israélien.
Le ministère palestinien de la Santé avait, pour sa part, affirmé qu'Abu Akleh avait été touchée par une balle dans la tête, alors qu'elle couvrait un raid militaire israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie.
Al-Jazeera avait décidé de porter plainte devant la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas, concernant le meurtre d'Abu Akleh.
En réponse à la démarche d'Al-Jazeera, le Premier ministre israélien de l'époque, et actuel chef de l'opposition israélienne, Yair Lapid, avait déclaré : "Personne n'enquêtera sur les soldats de l'armée israélienne, personne ne viendra nous sermonner sur l'éthique de combat, et certainement pas Al-Jazeera."
Abondant dans le même sens, l'ancien ministre israélien des finances, Avigdor Lieberman, avait appelé à retirer l'accréditation des journalistes de la chaîne Al-Jazeera.
Il avait alors estimé qu'il était "inacceptable qu'Al-Jazeera poursuive Israël et nous sermonne sur la moralité."
Et Lieberman de poursuivre : "Il n'est pas logique que cette chaîne ait le droit de diffuser ses programmes en Israël. J'attends du service de presse du gouvernement qu'il retire les accréditations des journalistes d'Al-Jazeera qui se trouvent en territoire israélien."
Le leader du parti d'extrême droite "Force juive", Itamar Ben Gvir, avait quant à lui appelé à l'expulsion des journalistes d'Al-Jazeera d'Israël.
Il avait soutenu, dans le même contexte, que "Al Jazeera est un réseau de propagande antisémite et mensonger qui travaille contre Israël dans le monde". Et d'ajouter :"Ils doivent être expulsés du pays aujourd'hui pour mettre fin à la campagne de mensonges anti-israéliens depuis l'intérieur d'Israël
Les journalistes palestiniens sont régulièrement pris pour cibles par les forces israéliennes, notamment depuis le déclenchement de la guerre contre la Bande de Gaza. Le dernier bilan de ces attaques contre les journalistes fait état de 137 morts, selon le bureau des médias du Gouvernement de Gaza.
Israël mène une offensive militaire meurtrière contre la Bande de Gaza depuis l'attaque transfrontalière menée, le 7 octobre, par le mouvement de résistance palestinien, Hamas, au cours de laquelle quelque 1 200 Israéliens auraient été tués, selon les autorités de Tel-Aviv.
Depuis lors, 32 845 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués à Gaza et quelque 75 392 autres ont été blessés, selon le dernier bilan communiqué par les autorités sanitaires palestiniennes.
La guerre israélienne a poussé 85 % de la population de Gaza à se déplacer à l'intérieur du territoire, dans le cadre d'un blocus paralysant visant la plupart des denrées alimentaires, l'eau potable et les médicaments, tandis que 60 % des infrastructures de l'enclave ont été endommagées ou détruites, selon les Nations unies.
Israël est poursuivi devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) pour ''crime de génocide''. Dans une ordonnance rendue en janvier, la CIJ a enjoint Tel Aviv de mettre un terme à ses agissements à caractère génocidaire et de prendre des mesures pour garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile de la Bande de Gaza.
Dans une seconde ordonnance indiquant des mesures conservatoires additionnelles, rendue jeudi, la CIJ a exhorté Israël à prendre "sans délai" des mesures pour assurer "l'acheminement sans entrave" de l'aide humanitaire, notamment de la nourriture, de l'eau, du carburant et des fournitures médicales. La Cour internationale de justice a déclaré que "les Palestiniens de Gaza ne sont plus seulement confrontés à un risque de famine [...] mais que la famine est bel et bien là."
Source: AA