Est de la RDC : Le mandat des troupes de la SADC renouvelé d’une année
- Le 22 Novembre 2024
Après son indépendance de la colonisation française, le 20 mars 1956, la Tunisie a été gouvernée pendant 55 ans par deux présidents, Bourguiba et Ben Ali, jusqu’au soulèvement populaire du 14 janvier 2011.
Le premier président de la Tunisie, Habib Bourguiba, a dirigé le pays pendant trois décennies. Cependant, le long règne du ‘’combattant suprême’’ a pris fin un certain 7 novembre 1987, lorsque son Premier ministre Zine El-Abidine Ben Ali le dépose pour ‘’des raisons médicales’’ (sénilité).
Ben Ali lui-même est resté au pouvoir jusqu’à ce qu’il soit contraint au départ, le 14 janvier 2011, sous la pression d'un soulèvement populaire exceptionnel, marquant le début d'une "transition démocratique" en Tunisie.
Les élections de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011, représentent la première étape de ce processus démocratique.
Le mouvement tunisien d’obédience islamique ‘’Ennahdha’’, dirigé par Rached Ghannouchi, est arrivé en tête du scrutin, en raflant 89 sièges sur les 217 que compte l'Assemblée nationale constituante.
Les membres de cette Assemblée, élus par le peuple, se chargeront de rédiger une nouvelle Constitution tunisienne et d’assurer une transition vers un système démocratique, basé sur les institutions et non pas sur les personnes.
Le 12 décembre 2011, les membres de l’Assemblée constituante élisent le chef de file du Congrès pour la République, Moncef Marzouki, en tant que premier président de la Tunisie post-révolution.
Le secrétaire général d'’’Ennahdha’’, Hamadi Jebali, est nommé Premier ministre et forme un gouvernement de coalition avec le Congrès pour la République et Ettakatol (FDTL - Forum démocratique pour le travail et les libertés), qui prêtera serment devant le président Marzouki le 24 décembre 2011.
En 2013 la Tunisie sera secouée par deux assassinats de leaders politiques de l’opposition. Chokri Belaïd et Mohamed Brahimi seront abattus par balles devant leurs domiciles, respectivement le 6 février et le 25 juillet. Il s’en suivra à chaque fois des manifestations dans tout le pays.
Ces assassinats politiques ont provoqué de vives tensions entre le gouvernement et l’opposition qui ont débouché sur une crise politique.
En août 2013, Béji Caïd Essebsi leader du parti ‘’Nidaa Tounes’’ et Rached Ghannouchi chef de file d’’’Ennahdha’’ se rencontrent au Bristol, à Paris. Ils nouent un deal, entre autres, pour la mise à l’écart de Moncef Marzouki, la levée de l’exclusion des anciens du régime Ben Ali et la suppression de la limite d’âge des candidats à la présidentielle, pour permettre à Essebsi de prendre la présidence du pays.
Par ailleurs, l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt, centrale syndical) va former, fin octobre 2013, avec le patronat (Utica - L'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat), l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l’homme un "Quartette" de médiation entre les différentes sensibilités politiques et imposer un dialogue national.
Le "Quartette" cherche à imposer à l’Assemblée constituante une feuille de route pour parachever la Constitution et aller vers des élections.
Mission réussie. Le 26 janvier 2014, l’Assemblée constituante adopte une nouvelle Constitution, la deuxième en Tunisie, et le gouvernement de Mehdi Jomâa - composé de technocrates -, sera installé trois jours après.
En octobre 2014, la Tunisie organise des législatives, le premier scrutin de la IIe République. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) est élue et le parti ‘’Nidaa Tounes’’, rafle le plus grand nombre de sièges à l’ARP.
Le 21 décembre 2014 Béji Caïd Essebsi, vétéran de la politique tunisienne, remporte à 88 ans la première présidentielle libre de l’histoire de la Tunisie, quatre ans après la révolution. Cette élection marque une étape importante dans le processus démocratique.
Cependant, la Tunisie reste confrontée à plusieurs défis tels que le chômage élevé, les problèmes économiques et les menaces terroristes. En 2015, des attentats terroristes meurtriers, au musée du Bardo (Tunis), dans une station balnéaire (Sousse), puis visant la garde présidentielle dans la capitale, ont eu de graves répercussions économiques notamment sur le secteur du tourisme.
En dépit des difficultés économiques et des menaces sécuritaires, la Tunisie a réussi à maintenir son cap démocratique.
Le Quartette du dialogue national remporte le prix Nobel de la paix le 9 octobre 2015, une prestigieuse récompense qui couronne ses efforts en faveur de la transition démocratique en Tunisie.
Il s’en suivra une longue période marquée par des problèmes économiques persistants, un chômage endémique, et des niveaux élevés de corruption, des grèves, des budgets d’austérité qui ont alimenté les tensions sociales, alors que la rupture entre le peuple et les responsables politiques est consommée.
L’année 2019, marque l’élection à la présidence de la République de Kaïs Saïed avec 72,71% des voix. Ce large plébiscite populaire était synonyme d’espoir pour les Tunisiens.
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 aggrave une situation économique et sociale pour le moins critique de la Tunisie à laquelle s’ajoute une impasse politique. Des trouble sociaux éclatent.
Le 25 juillet 2021, suite à des manifestations de rue dans plusieurs villes tunisiennes, le président Kaïs Saïed décide de ‘’geler’’ les prérogatives du Parlement, de dissoudre le gouvernement, de lever l'immunité des députés afin de permettre à la justice de poursuivre toutes les personnes impliquées dans des affaires de corruption et de malversation et de légiférer par décret-loi.
Ces mesures d’exception ont suscité des réactions mitigées. Approuvées par une large frange de la société et une partie de la classe politique, elles ont aussi suscité des craintes d’une possible dérive autoritaire.
Un an après, le référendum constitutionnel annoncé par Saïed est organisé en Tunisie, permettant d’adopter une nouvelle Constitution avec 95% des voix et 30% de taux de participation. Le nouveau texte rétablit le régime présidentiel et réduit les prérogatives du Parlement et du Gouvernement.
La quasi-totalité des partis politiques boude la démarche de Kaïs Saïed et appelle au boycott des législatives de 2022, dont le taux de participation n'a pas dépassé les 8,8% au premier tour et les 11,4% au deuxième tour.
La même tendance persiste lors des élections locales tenues en décembre 2023, première étape de la mise en place de la deuxième Chambre du Parlement, dite Conseil national des régions et des districts, où le taux de participation était de 11,88%, "respectable", selon le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, Farouk Bouaskar.
En 2024, l'enjeu politique continuera de marquer l'actualité tunisienne, notamment avec l'élection présidentielle qui doit avoir lieu en octobre prochain, mais le commun des Tunisiens, comme l'atteste plusieurs analystes de la place, demeure préoccupé par l'accès incertain à certains produits de base et le cherté de la vie, toujours de plus en plus importante sous l'effet de la dépréciation chronique du dinar tunisien contre l'euro et le dollar.
Source: AA