Est de la RDC : Le mandat des troupes de la SADC renouvelé d’une année
- Le 22 Novembre 2024
Autrement plus important que les élections des Conseils locaux de ce dimanche 24 décembre, le scrutin législatif à deux tours du 17 décembre 2022 et du 29 janvier 2023 n'avait attiré que 11,4% de l'électorat, selon les chiffres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), jugés "gonflés" par un large pan de l'opposition et de la Société civile. Il s'agissait pourtant de choisir les "représentants du peuple" à la nouvelle Assemblée qui allait succéder, selon une récente Constitution qui actait la dissolution de la précédente et qui, surtout, portait le projet du système présidentialiste et pyramidal (démocratie par la base) de Kais Saïed.
Imperturbable et balayant d'un revers de main les voix qui expliquaient cette désaffection par un rejet du régime prôné par ce dernier et par sa marginalisation des partis politiques et des organisations "tampons" de la Société civile, il minimisait la signification du faible taux de participation, en déclarant le soir de la proclamation des résultats : "90% n'ont pas voté parce que le Parlement ne représente rien pour eux". Une phrase par laquelle il a voulu faire taire ses réfractaires et occulter les effets de la détérioration des conditions de vie des Tunisiens, avec une montée vertigineuse des prix, une pénurie récurrente des produits alimentaires de base, un taux de chômage galopant... Mais cette phrase a interpellé et interpellera encore, par sa véracité et son "honnêteté" politiques : que représente un Parlement, sans partis d'opposition et avec des prérogatives réduites, dans un système présidentialiste, sinon à faire valoir les volontés du sommet de l'Etat ? La Constitution l'établit... Le président, aux pouvoirs immenses, est le vrai décideur. Indétrônable, sauf à travers un suffrage universel, ses textes législatifs ont priorité d'examen.
- Chambre des régions et des districts, pourquoi ?
Dans ces conditions, pourquoi ces élections locales qui préparent à la mise en place d'un bicamérisme législatif auquel rares sont ceux qui comprennent quelque chose dont la complexité du processus est difficile à saisir et les prérogatives floues ?
Dans le système "démocratique par la base", voulu par Kais Saïed, les décisions et la gestion des affaires du pays doivent, en théorie et à travers l'élection de représentants, dont nécessairement des porteurs de handicap tirés au sort et non soumis au suffrage, émaner du local, pour monter progressivement au régional, puis au niveau des districts, avant de finir au national, c'est à dire au sommet de la pyramide.
Dimanche et selon le chiffre annoncé par l'ISIE et remis en question par plusieurs parties, dont notamment le Front du Salut, 11,6% des électeurs tunisiens ont participé au premier tour du vote de leurs 2155 représentants (conseillers) locaux parmi 6177 candidats, auxquels s'ajoutent 279 autres à activité réduite, tirés au sort parmi les 1028 prétendants. En attendant la proclamation définitive des résultats préliminaires dans les deux jours, le deuxième tour qui départagera les candidats en ballotage, aura lieu, pendant la première quinzaine du mois de janvier prochain.
Ces 2234 élus locaux seront ensuite tirés au sort pour en dégager les chanceux qui constitueront les conseils régionaux. Pour passer au palier supérieur, celui des districts, ces derniers voteront parmi eux pour ceux qui les formeront. Dernière étape, les conseillers régionaux et des districts éliront dans leurs rangs les 77 membres de la future deuxième Chambre du Parlement. Un long périple dont la ligne d'arrivée devrait être atteinte, juin prochain.
Mais aucun de ces candidats, des futurs élus et des votants ne sait ce à quoi servira exactement cette pyramide ni les prérogatives dont les occupants de ses différentes parties, particulièrement le sommet, seront nantis, à part qu'ils seront une force de proposition concernant les projets de développement régional et que la deuxième Chambre aura un droit de regard sur le budget de l'Etat, ce que la première Chambre (Assemblée des représentants du peuple) a déjà. C'est d'ailleurs cette dernière qui va, dans les mois à venir, débattre et décider, avec la présidence de la République, des lois régissant ses activités et définissant ses compétences.
Sélim Bouzid, président du réseau "Mouraqiboun" (observateurs), explique la désaffection des électeurs par cette absence de visibilité "qui met davantage en lumière le rejet de tout le processus par la majeure partie des acteurs politiques et de la Société civile".
Sa position est indirectement corroborée par la déclaration de Mohamed Tlili Mansri, porte-parole de l'ISIE, qui affirme que le taux d'absentéisme est flagrant dans les villes et les centres urbains, par rapport aux agglomérations rurales. En effet, c'est dans ces milieux que l'on peut aller voter, juste parce qu'un voisin, un proche ou un 'illustre" des parages l'a demandé. Sans autre prétention ou connaissance, sinon souvent la vague promesse qu'il va améliorer les conditions de vie de la région.
Vers quoi ce dirigera ce bicamérisme législatif qui prendra définitivement forme, avec l'investiture, juin prochain, des 77 membres de cette deuxième Chambre, à part la réalisation du rêve de Kais Saïed de doter la Tunisie d'une "démocratie par la base" ?
Et si ce dernier ne remportait pas la présidentielle de fin 2024, qu'adviendrait-il de ce bicamérisme et de cette pyramide qui, tout compte fait, ne tiennent qu'à lui et...par lui ?
Source: AA