Italie : Mario Draghi accepte le poste de premier ministre

L’ex-chef de la Banque centrale européenne a formé une coalition hétéroclite allant du Parti démocrate à la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini en passant par le parti de droite Forza Italia de Silvio Berlusconi.

Mario Draghi a officiellement accepté le poste de président du conseil italien, vendredi 12 février, sortant le pays de la paralysie politique. L’ex-chef de la Banque centrale européenne (BCE) avait été choisi le 3 février par le président de la République, Sergio Mattarella, pour succéder à Giuseppe Conte, contraint à la démission le 26 janvier après l’éclatement de sa coalition.

Avant de prendre le poste, M. Draghi s’est assuré une large majorité. Il a mené des entretiens tous azimuts avec les partis politiques représentés au Parlement, qui lui ont permis de former un attelage hétéroclite allant du Parti démocrate (centre gauche) à la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini en passant par Forza Italia (droite), la formation de Silvio Berlusconi.

Jeudi, in extremis, l’inclassable M5S, antisystème jusqu’à son arrivée au pouvoir, a donné lui aussi son feu vert lors d’un vote en ligne de ses militants, faisant ainsi tomber le dernier obstacle à un gouvernement d’union nationale.

elui qui a été vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe entre 2002 et 2005 est donc assuré d’avoir la majorité au Parlement, dont il devrait solliciter la confiance en début de semaine. Il devra, avant cela, prêter serment.

Un « superministère » de la transition écologique

M. Draghi a annoncé vendredi soir la composition de son gouvernement : des politiques et des technocrates, nommés en pleine crise sanitaire pour réussir la vaccination de masse et surmonter la dépression économique en Italie. Le poste-clé de ministre de l’économie et des finances est ainsi revenu à un homme de confiance, Daniele Franco. M. Franco, 67 ans, considéré comme l’un des meilleurs experts des finances publiques de la Péninsule, a fait l’essentiel de sa carrière au sein de la Banque d’Italie, dont M. Draghi était gouverneur, jusqu’à en devenir le numéro deux début 2020.

M. Draghi a cependant joué la continuité sur plusieurs autres postes importants : il a ainsi confirmé Luigi Di Maio (Mouvement populiste 5 étoiles, M5S) au poste de ministre des affaires étrangères, la technocrate Luciana Lamorgese à celui de ministre de l’intérieur et Roberto Speranza, du petit parti de gauche Libres et égaux (LeU), au poste de ministre de la santé.

Il a annoncé également la prochaine création d’un « superministère » de la transition écologique – le premier du genre en Italie – qui sera dirigé par un physicien de renom, Roberto Cingolani, responsable depuis septembre 2019 de l’innovation technologique chez le géant italien de l’aéronautique Leonardo.

La campagne vaccinale, première priorité

L’une des raisons pour lesquelles de nombreuses formations se sont ralliées à l’économiste et ancien banquier est que toutes veulent avoir leur mot à dire dans l’allocation des quelque 200 milliards d’euros que l’Italie doit recevoir grâce au fonds de relance européen mis en place face à la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Lors de ses consultations, M. Draghi a assuré qu’il s’opposait à toute austérité budgétaire, en dépit du niveau très élevé de la dette publique italienne, et ce, en raison de la nécessité de préserver la cohésion sociale.

Les difficultés ne font que commencer pour cet Italien affable de 73 ans réputé pour sa discrétion, son sérieux et sa détermination. L’Italie, qui compte plus de 90 000 décès dus au Covid-19, a enregistré en 2020 l’une des pires chutes du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro, avec un plongeon de 8,9 %.

En tête des priorités figure aussi l’accélération de la campagne vaccinale, affectée comme dans les autres pays européens par des lenteurs d’approvisionnement. Seulement 1,2 million d’Italiens sur 60 millions ont été vaccinés.

D’autres chantiers restés en plan depuis des décennies attendent M. Draghi sur son bureau au palais Chigi, siège du gouvernement en plein centre de Rome : remédier à la lenteur de la justice, s’attaquer à la bureaucratie en rendant l’administration plus efficace et lancer la transition écologique.

Source : Le Monde avec AFP et Reuters

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