Assassinat d’un leader sikh au Canada : un haut diplomate canadien sommé de quitter le territoire indien

L’inde a annoncé l’expulsion d’un haut diplomate canadien, le sommant de quitter le territoire dans les cinq prochains jours, vingt-quatre heures après que le Canada a accusé un diplomate indien d’être impliqué dans l’assassinat d’un leader sikh et citoyen canadien sur son sol.

Hardeep Singh Nijjar, dirigeant d’un temple sikh ayant la citoyenneté canadienne, a été tué par balle en Colombie-Britannique (province la plus à l’ouest du Canada), le 18 juin 2023.

« Le haut-commissaire du Canada en Inde a été convoqué et informé ce mardi de la décision du gouvernement indien d’expulser un haut diplomate canadien en poste en Inde », indique ce mardi la diplomatie indienne par voie de communiqué.

« Le diplomate concerné a été sommé de quitter l’Inde dans les cinq prochains jours », ajoute le ministère des Affaires étrangères.

La décision du gouvernement indien reflète son « inquiétude croissante face à l’ingérence des diplomates canadiens dans nos affaires internes et leur implication dans des activités anti-indiennes », précise la diplomatie indienne.

« Les allégations d’implication de New Delhi dans tout acte de violence au Canada sont absurdes », avait réagi mardi le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué précédent. La diplomatie indienne a exhorté le gouvernement du Canada à engager « des poursuites judiciaires rapides et efficaces contre tous les éléments anti-indiens opérant sur son territoire ».

Le communiqué de New Delhi intervient au lendemain des déclarations du Premier ministre canadien Justin Trudeau lundi devant le Parlement, dans lesquelles il avait indiqué qu’il existait des « éléments crédibles » laissant penser que l’Inde pourrait être responsable de l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, le dirigeant d’un temple sikh tué par balle à Surrey, en Colombie-Britannique.

« L’implication de tout gouvernement étranger dans le meurtre d’un citoyen canadien sur le sol canadien constitue une violation inacceptable de notre souveraineté et va à l'encontre des règles fondamentales qui régissent les sociétés libres, ouvertes et démocratiques », a affirmé le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a demandé fermement au gouvernement indien de coopérer pour faire la lumière sur cette affaire.

« Les allégations selon lesquelles un représentant d’un gouvernement étranger aurait pu être impliqué dans le meurtre d’un citoyen canadien ici, au Canada, sur le sol canadien, sont non seulement préoccupantes, mais elles sont totalement inacceptables», a déclaré de son côté la cheffe de la diplomatie canadienne, Mélanie Joly.

« Par conséquent, aujourd’hui, nous avons expulsé le haut diplomate indien, Pavan Kumar Rai, qui dirige au Canada la Research and Analysis Wing (RAW), l'agence indienne de renseignement extérieur », a-t-elle ajouté.

« Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait déjà porté ces accusations auprès du Premier ministre indien, Narendra Modi, à l'occasion du récent sommet du G20 à New Delhi, lesquelles avaient été complètement rejetées », a réagi le ministère indien des Affaires étrangères, mardi matin, dans un communiqué, ajoutant que : « Nous sommes un Etat démocratique avec un engagement fort en faveur de l’État de droit ».

De telles allégations « cherchent à détourner l'attention des terroristes et éléments extrémistes du Khalistan (État sikh) » qui ont trouvé refuge au Canada et continuent de menacer la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Inde », souligne la diplomatie indienne, qui estime que « l'inaction » du gouvernement canadien à cet égard « n’a fait qu’exacerber le problème ».

La même source ajoute que la « sympathie » affichée publiquement par des personnalités politiques canadiennes pour de tels éléments « demeure un sujet de préoccupation profonde » pour l'Inde.

Hardeep Singh Nijjar militait dans le mouvement pour la création d'un Etat indépendant, du nom de Khalistan, « la terre des purs » et qui comprendrait notamment l’État du Pendjab, une région partagée entre l’Inde et le Pakistan qui compte environ 58% de Sikhs et 39% d’Hindous.

New Delhi le recherchait pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre, des accusations infirmées par ses partisans.

Source: AA

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