Quelle présence pour Wagner en Afrique après la mort de Prigojine ?

La mort, mercredi soir, d’Evgueni Prigojine, dans le crash d’un avion survenu en Russie, a remis le groupe paramilitaire Wagner, déjà très exposé, sous les projecteurs.

Créée en 2014 par Prigojine, alors homme de confiance et proche du président Vladimir Poutine, le groupe réunit aujourd’hui plus de 50 000 effectifs, et est déployé sur plusieurs continents, avec une présence particulièrement marquée en Afrique.

Le continent, théâtre de conflits d’influence est, en effet, investi par de nombreux pays, dont la Russie, présente à travers Wagner, dans plusieurs secteurs, et sur près d’une vingtaine de pays.

Considéré comme une organisation terroriste par quatre pays à savoir l’Ukraine, la Lituanie, l'Estonie et la France, le groupe Wagner continue pourtant de prospérer et développe même des activités économiques et financières sur le continent africain.

Selon l’institut "Soufan center", fondé par Ali Soufan, ancien enquêteur du FBI, et spécialisé dans la recherche, l’analyse et les questions de sécurité globales, le Mali, la Libye, ou encore le Soudan, et la République centrafricaine, sont concernés par la présence de Wagner.

Dans les faits, Wagner exerce pourtant une influence bien plus importante dans d’autre pays où le groupe paramilitaire russe est soupçonné d’exercer des opérations d’influence en lien avec l’exploitation de leurs richesses notamment en or, comme le souligne le "Soufan center".

Ainsi, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Zimbabwe et même Madagascar, font l’objet de convoitises et pourraient être visés par une présence plus sourde et moins visible que dans les autres pays où la milice est officiellement et militairement déployée.

En effet, Wagner ne se limite pas à la sécurité et les entreprises qui y sont liées sont relativement actives dans l’exploitation de ressources naturelles, avec un accès aux mines d’or et de diamants et aux exploitations forestières.

Pour autant, d’un point de vue politique, le nom de Wagner est régulièrement évoqué, notamment dans les pays ciblés par des putschs, comme le Mali, le Niger, ou le Burkina Faso, où la Russie est plébiscitée par les foules lors de diverses manifestations, sur fond de slogans anti-français même si leur rôle n’a jamais pu être clairement établi.

Lors des derniers événements intervenus au Niger où des militaires de la garde présidentielle ont renversé le président Mohamed Bazoum, la France, ciblée à travers des violences sur son ambassade à Niamey, a écarté un rôle de la Russie dans le coup d’Etat mais considérait qu’elle agissait de manière "opportuniste".

Dans une interview donnée fin juillet à BFMTV, la cheffe de la Diplomatie française, Catherine Colonna, soulignait que l’ambassade de France a été visée par des cocktails Molotov, par des manifestants dont certains arboraient des drapeaux russes, et "slogans anti-français, copiés-collés de ceux qu’on peut voir ailleurs" avec "tous les ingrédients habituels de la déstabilisation à la mode russo-africaine".

Elle jugeait" possible que la Russie essaie de profiter" de la situation de manière "opportuniste".

Mais la rébellion avortée le 24 juin dernier des soldats de Wagner en opposition au ministère de La Défense russe, a mis le feu aux poudres et créé une claire cassure entre le Kremlin et Prigojine.

Si officiellement, un accord avait été conclu entre le pouvoir russe et le patron de Wagner en échange de la reddition de ses troupes en route vers Moscou, sa mort pourrait désormais rabattre les cartes et forcer Vladimir Poutine à repenser la présence russe en Afrique.

"Wagner avait une certaine liberté dans ses projets en Afrique. Sans coopération avec le ministère de la Défense, je ne vois pas comment le groupe pourrait continuer à y travailler", estimait récemment Pauline Bax, directrice adjointe du programme Afrique à l'International Crisis Group, citée par TF1.

Source: AA

 

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