Fulgence Kayishema, un fugitif rwandais qui était détenu en Afrique du Sud, s'est vu notifier un nouveau mandat d'arrêt en réponse à la requête d'un tribunal de l'ONU, pour son extradition vers la Tanzanie afin qu'il soit jugé par la division africaine du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, siégeant à Arusha.
Kayishema a été appréhendé au début de l'année dans une ferme de Paarl, une ville de la province sud-africaine du Cap-Occidental, où il vivait sous un faux nom. Il a été accusé d'avoir enfreint les lois sud-africaines sur l'immigration, a été placé en détention et a continué à comparaître devant le tribunal.
Mardi, Kayishema s'est vu notifier un nouveau mandat d'arrêt alors qu'il se trouvait dans les geôles de la Haute Cour du Cap, devant laquelle il devait comparaître, a rapporté le radiodiffuseur national SABC.
Ses avocats, qui ont été surpris par le nouveau mandat d'arrêt contre leur client, ont déclaré à SABC que cette dernière mesure avait été prise en réponse à une requête déposée auprès de la Haute Cour du Cap par le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (connu aussi comme le "Mécanisme"), afin qu'il soit jugé à Arusha, en Tanzanie, où il est recherché pour des crimes liés au génocide de 1994.
Cet ancien officier de police rwandais, âgé de 62 ans, est accusé d'avoir orchestré le meurtre d'environ 2 000 Tutsis qui avaient trouvé refuge dans l'église catholique de Nyange, lors du génocide perpétré au Rwanda en 1994 contre l'ethnie tribale des Tutsis.
On estime que 800 000 membres de l'ethnie Tutsi, ainsi que des Hutus modérés, ont été tués au Rwanda en 1994, après une centaine de jours de massacres.
Kayishema a été placé en détention en mai de cette année, lors d'une opération conjointe des autorités sud-africaines et de la cellule de recherche des fugitifs relevant du "Mécanisme".
Les Nations unies se sont félicitées de son arrestation, citant Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a déclaré : "L'arrestation de Mr. Kayishema est un message fort qui montre que les auteurs présumés de tels crimes ne peuvent échapper à la justice et qu'ils finiront par répondre de leurs actes, même après plus d'un quart de siècle".
Source: AA
Le procureur du "Mécanisme", Serge Brammertz, a déclaré que cette arrestation garantissait que "l'intéressé ferait enfin l'objet d'une action en justice pour les crimes qu'il est soupçonné d'avoir commis".
Brammertz a rappelé que le génocide est le crime le plus grave que connaisse l'humanité, la communauté internationale s'est ainsi engagée à faire en sorte que les auteurs de ces crimes soient poursuivis et punis.
"Cette arrestation est une preuve tangible que cet engagement ne faiblit pas et que la justice sera rendue, quel que soit le temps qu'il faudra", a-t-il ajouté.