Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail, Noureddine Taboubi, a déclaré ce lundi que "l'absence de dialogue entre le pouvoir et les partenaires sociaux ne fera qu'accroître l'état de division que traverse la société tunisienne".
C’est ce qui ressort d’un discours de Taboubi, lors d'un rassemblement de travailleurs dans la capitale Tunis, à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, célébrée chaque année au premier mai.
"Le pouvoir exécutif a tourné le dos à tout dialogue sérieux avec les forces nationales et sociales et les acteurs économiques sur les moyens de surmonter la situation, en dessinant des options sérieuses et en formulant des programmes de développement qui solidifieraient l'unité nationale face aux défis internes et externes et remettre le pays sur le chemin de la croissance", a ajouté Taboubi.
Le chef de l’UGTT a expliqué que l'absence de ce dialogue "ne fera qu'aggraver la division que subit notre société et élargir le fossé qui la sépare de l'État et de ses institutions, ce qui mène nécessairement à une exacerbation de la crise sociale et économique dans le pays et l'aggravation de la pauvreté".
"La crise politique que traverse notre pays s'est aggravée et intensifiée en raison du déséquilibre entre les autorités, et résulte de l’autoritarisme et de l'imposition d'un fait accompli en marginalisant les mouvances nationales et la société civile", a affirmé Taboubi.
À la fin du mois de décembre dernier, l’UGTT a lancé une initiative de "dialogue national" avec plusieurs composantes de la société civile pour tenter de sortir de la crise économique et sociale que traverse la Tunisie.
L’initiative de l'Union générale tunisienne du travail inclut l'Association Nationale des Avocats, le Forum des Droits Économiques et Sociaux, et la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (indépendante).
Le 6 avril dernier, le président Kaïs Saïed commentait l'initiative de dialogue de l'Union, lors de sa visite dans la ville de Monastir pour commémorer le 23e anniversaire de la disparition de l’ancien président tunisien Habib Bourguiba, en déclarant : "Pourquoi avons-nous élu un parlement alors ? Et de quoi allons-nous discuter ?".
Saïed a ajouté que "le dialogue a lieu au Parlement, et c'est la mission du législateur que de ratifier les projets de lois".
En plus d'une grave crise économique, la Tunisie traverse également une crise politique depuis que le président Kaïs Saïed avait imposé ses mesures d’exception le 25 juillet 2021, stipulant la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la tenue d'élections législatives anticipées et le vote par référendum d’une nouvelle Constitution.
Certains partis tunisiens considèrent ces mesures comme une "consécration du pouvoir autocratique", alors qu’une autre frange de la classe politique les perçoit comme une "restauration" du processus révolutionnaire de 2011, qui avait fait chuter le pouvoir de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Source : AA