Alors que les opérations de vaccination anti-Covid se généralisent et s’accélèrent dans plusieurs pays du monde, la campagne fait du surplace dans notre pays malgré les nombreux engagements pris par le gouvernement. Aucune explication n’est donnée sur les retards accusés, alors que les nouveaux lots de vaccins promis à la réception tardent toujours à être livrés. 1,8 million de doses du Covax devaient être réceptionnées en février dernier, en plus de celles en attente de livraison du vaccin Sputnik.
Lancée symboliquement en janvier dernier, la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19 est loin d’atteindre les objectifs fixés par le comité national de vaccination.
Seul 0,17% de la population a été vacciné, selon le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie et chef de service à l’EPH de Boufarik, en se basant les sur 300 000 doses de vaccins réceptionnées à ce jour, à savoir 50 000 doses du vaccin russe Sputnik, 50 000 doses d’AstraZeneca et le don chinois de 200 000 doses du laboratoire Sinopharm.
A ce jour, le ministère de la Santé n’a communiqué aucune donnée sur le nombre de personnes vaccinées, que ce soit du corps médical ou des personnes âgées. Toutes nos sollicitations pour de plus amples informations auprès de la direction générale de la prévention au ministère de la Santé sont restées vaines.
Depuis ces premiers arrivages fin décembre 2020 et janvier 2021, aucun lot n’a été réceptionné, alors que le ministère de la Santé a déclaré, par la voix de sa directrice générale de la pharmacie Hadjoudj Wahiba, que des quantités importantes de vaccins allaient arriver à la fin du mois de février.
«Le quota de l’Algérie du vaccin contre le virus dans le cadre du groupe Covax oscille entre 12 et 16 millions de doses, dont 35% seront réceptionnés comme premier lot, vers la fin février», avait-elle déclaré à l’APN en février dernier, tout en assurant que cela permettra une vaccination de 20% de la population, conformément à ce qui a été convenu au sein du groupe OMS.
Pour le mois de mars, la même responsable a précisé que «l’Algérie recevra au courant de ce mois de mars 1,8 million de doses de vaccin anti-Covid-19 dans le cadre du mécanisme Covax», tout en soulignant que «l’Algérie est en train de diversifier les possibilités d’approvisionnement en vaccin. Nous avons ainsi adhéré, au même titre que 54 pays africains, au programme africain appelé Avatt».
Elle a précisé que ce mécanisme garantit déjà une disponibilité de 270 millions de doses. «Si l’on additionne les quantités assurées par le programme Avatt à celles de Covax, l’Algérie disposera de millions de doses, soit de quoi vacciner 35% de la population», avait-elle ajouté.
Le mois de mars tire à sa fin et du côté du ministère de la Santé c’est le silence radio à ce propos. D’ailleurs, les spécialistes déplorent le manque de communication du gouvernement sur les délais de réception des nouvelles doses et le calendrier de la vaccination. Les inscriptions sur la plateforme du ministère de la Santé pour la prise de RDV a enregistré plus de 20 000 inscriptions, et aucun programme dans les structures de vaccination n’est prévu pour les jours à venir.
Le corps médical, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques prennent leur mal en patience, alors que des doses du vaccin Sputnik ont été réservées aux personnalités, dont certains chefs de partis politiques qui ne figurent pas sur la liste des populations cibles, selon les conditions fixées par le comité national de vaccination.
Flou sur la date de réception des vaccins
Alors que de nombreux pays augmentent de jour en jour – en pleine bataille mondiale pour l’acquisition des doses de vaccins – la cadence de la vaccination chez les personnes âgées, les personnels de santé et autres, le gouvernement algérien ignore encore quand les nouvelles doses seront réceptionnées.
Une rétrospective sur le pourcentage de personnes vaccinées réalisée par Statista – un portail en ligne allemand, offrant des statistiques issues de données d’instituts, d’études de marché et d’opinion ainsi que de données provenant du secteur économique – par rapport au nombre total d’habitants pour chaque pays, nous a permis de constater que l’Algérie est loin derrière de nombreux pays ayant moins de capacités économiques, dans la région du Moyen-Orient et au Maghreb.
«En se basant sur les données d’Our World in Data, notre graphique fait le point sur la part de la population entièrement vaccinée à travers le monde, c’est-à-dire les personnes ayant reçu l’intégralité des doses prévues dans les protocoles de vaccination, par exemple pour celui de Pfizer BioNtech», précise la même source.
Et de signaler que le plus avancé en matière de doses administrées (plus de une par habitant), Israël, a terminé la vaccination de plus de la moitié de ses citoyens (51%).
La Serbie, qui a accès à pas moins de trois vaccins – l’américain Pfizer, le russe Sputnik V et le chinois Sinopharm – progresse à grands pas et figure en tête des statistiques en Europe.
La même source affirme qu’à l’instar des Etats-Unis, le pays des Balkans compte déjà environ 12% de sa population complètement vaccinés. Les pays du Golfe ne sont pas en reste, «le Bahreïn se situe actuellement à 13%, alors que les Emirats arabes unis avaient dépassé le seuil des 20% fin février (mais il n’y a pas de données plus récentes)», note-t-on.
Le Maroc, seul pays du Maghreb qui figure parmi ces pays qui ont le plus vacciné au moins pour la première dose, qui représente 18% de la population.
Se basant sur les récentes études publiées, Statista affirme que «les premiers bénéfices de cette campagne ont déjà été observés, avec une diminution de la mortalité chez les personnes vaccinées et une baisse des hospitalisations chez les Israéliens les plus âgés». A noter, selon les épidémiologistes, que pour atteindre une immunité collective, il faut vacciner entre 60 et 70% de la population.
Source : El Watan