C’est la saison des soldes ! Une période connue, dans le monde, pour être propice aux emplettes et à la course aux bonnes affaires. Ceci, d’autant plus que les budgets des ménages ont été bien chamboulés depuis l’avènement de la crise pandémique. Les priorités et les habitudes de consommation des Marocains ont, en effet, changé dans ce contexte sous l’effet du resserrement du pouvoir d’achat.
En effet, une dégradation du niveau de vie est ressentie par de 83,1 % des ménages au cours des 12 derniers mois (selon les derniers chiffres du Haut-commissariat au plan, à propos de la conjoncture au T4-2022). 45 % des sondés ont indiqué s’endetter ou puiser dans leurs économies pour couvrir leurs achats, selon la même source.
Après avoir effectué un tour auprès des magasins et malls de Casablanca et Rabat, l’Infomédiaire a pu constater que ceux-ci ne connaissent pas forcément le même afflux qu’avant la pandémie, malgré les « -20 %, -30 %, -50 %, -70 % » affichés sur les vitrines.
Le pouvoir d’achat ne suit pas
Interrogés, plusieurs Marocains indiquent que s’ils pouvaient, auparavant, se permettre de débourser des montants allant de 1.000 à 3.000 dirhams pour acheter des vêtements, chaussures, parfums et autres accessoires, leurs achats sont aujourd’hui plus réfléchis. En cause, une inflation qui résulte elle-même des droits d’importation imposés, sans parler du fait que certaines marques ont augmenté leurs prix pour couvrir les pertes subies depuis le début de la pandémie. Ce constat est confirmé par le président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), Ouadih Madih, qui affirme que ʺles gens ne peuvent plus acheter comme avant. La crise a considérablement touché l’épargne des ménagesʺ.
Réelles offres ou rêves à vendre ?
Pour les marques, les soldes devraient être l’occasion de ramener à la baisse le prix de certains produits des stocks existants, histoire de libérer de la place aux nouvelles collections, mais aussi pour réaliser des bénéfices. Pour les consommateurs, il s’agit surtout de réaliser de ʺbonnes affairesʺ.
Cela dit, certains commerçants affichent des prix supérieurs à ceux d’origine. Cette « illusion » vise à duper les consommateurs non avisés, leur faisant miroiter un super deal. D’autres enseignes proposent des soldes dont le montant économisé ne représente par un grand intérêt aux acheteurs, point à propos duquel le président de la FNAC indique qu’avec quelques dizaines de dirhams de rabais, « ce n’est rien, on ne peut pas parler de bonnes affaires dans ce cas ».
Un manque de contrôle
Selon les dispositions de l’article 54 de la Loi 31-08, relative à la protection des droits des consommateurs, les ventes en soldes doivent être pratiquées dans un cadre spécifique, notamment avec un affichage du début et de la fin de cette période. De plus, les fournisseurs sont tenus de mettre en avant les anciens et nouveaux prix sur les produits en solde. Il est à noter que les vendeurs doivent afficher le prix le plus bas pratiqué au cours des 30 jours précédents ces offres.
Le réel problème réside dans le fait qu’il y aurait un manque de contrôle en la matière. Ouadih Madih explique: ʺil n’y a pas de respect de la réglementation. Cela est d’ailleurs très visible en ligne. D’autant plus qu’il n’y a pas de période fixe pour les soldes au Marocʺ.
Le président de la FNAC indique que ces points devraient faire l’objet d’une revue dans la nouvelle version de la Loi 31-08, afin de mieux cerner les dépassements et autres agissements qui pourraient porter préjudice aux consommateurs, mais aussi renforcer le volet coercitif dans le domaine.
Source : infomediaire