La formation politique du « Courant démocrate » a estimé qu'il n'y avait aucune réelle volonté politique de réforme sous le règne du président tunisien Kaïs Saïed, appelant tous les acteurs politiques à procéder à des « révisions » pour rétablir la démocratie.
C'est ce qui ressort d'une conférence de presse tenue, jeudi, par le secrétaire général du Courant démocrate, Nabil Hajji, au siège du parti (social-démocrate) à Tunis.
« Il n'y a aucune réelle volonté politique de réforme sous le règne de Saïed, qui n’en fait qu’à sa tête et n'écoute ni ses partisans, ni ses opposants, ni ses ministres », a déclaré Hajji en conférence de presse.
Le secrétaire général du Courant démocrate a expliqué que « l'arrivée de Saïed au pouvoir est la preuve de l'échec des partis politiques et de l’exercice de la démocratie », ajoutant que « les acteurs politiques n'ont pas su préserver la confiance qui leur a été accordée après la révolution ».
Saïed avait entamé un mandat de cinq ans, après avoir remporté la présidentielle de 2019.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Kaïs Saïed a imposé des mesures d'exception, dont entre autres, la destitution du gouvernement, la nomination d'un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels et l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet 2022.
Au sujet d’une issue à la crise politique actuelle, Hajji a déclaré : « C'est le peuple tunisien qui a porté Saïed au pouvoir, et c'est à lui de le forcer à battre en retraite quant à son projet ou à quitter le pouvoir ».
« Nous sommes tous invités à faire notre autocritique », a-t-il ajouté, expliquant que tout le monde a ouvert la voie à Saïed pour accéder à la présidence de la République au moment où « le processus démocratique battait de l’aile ».
Des partis politiques tunisiens considèrent les mesures d’exception de Saïed comme étant un « coup d'Etat contre la Constitution de 2014 et une consécration du pouvoir autocratique », tandis que d'autres formations politiques estiment qu'il s'agit d'une « restauration » du processus de la révolution de 2011 qui avait fait chuter le pouvoir du l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
La Tunisie connaît également une grave crise économique, exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus, et le coût élevé de l'importation d'énergie et de matières premières, suite à la crise russo-ukrainienne.
Le taux d'inflation des prix à la consommation en Tunisie a atteint 10,1% sur une base annuelle, au cours du mois de décembre dernier, contre 9,8% au mois de novembre précédent.
Certains produits de base comme le lait, le café, le sucre et l'huile de cuisson, se font rares dans les grandes surfaces et les petits commerces du pays, alors que le président tunisien a assuré que ces produits sont disponibles sur le marché local, affirmant que certains « cherchent exprès à provoquer une pénurie pour envenimer la situation ».