L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé, jeudi, qu'elle "présentera, en collaboration avec les composantes de la société civile, une initiative pour sauver le pays de l'effondrement, à l'écart de toute tension politique."
C'est ce qui ressort du discours du Secrétaire général de l'UGTT (la principale centrale syndicale), Noureddine Taboubi, lors de sa participation à une réunion syndicale dans la ville de Béja, au nord-ouest du pays.
"Nous n'accepterons pas le chaos et l'effondrement du pays (...) Nous ne sommes pas contre les partis qui construisent la vie politique et s'affrontent sur les programmes et les choix", a déclaré Taboubi.
Il a souligné que le pays "souffre essentiellement de quatre problèmes, qui sont d'ordre juridique, constitutionnel, économique et social (...) D'autre part, vous avez une opposition qui ne fait qu’invectiver et des autorités qui en font de même, sans qu'il y ait la moindre possibilité de rapprochement ou de dialogue."
Et d’ajouter que " l'UGTT présentera, en collaboration avec les composantes de la société civile, une initiative pour sauver le pays de l'effondrement et ce, de manière indépendante, hors de toute tension politique", sans plus de précisions sur la teneur de cette initiative.
La centrale syndicale a déjà appelé, à plusieurs reprises, le gouvernement à un dialogue "sérieux" pour trouver des solutions à la crise que traverse la Tunisie.
Le Secrétaire général de la centrale syndicale a déclaré que "la démocratie aujourd'hui ne peut être transformée en un chèque en blanc, et qu'il est du devoir de celui qui est élu président de la république par le peuple de répondre aux besoins essentiels de ce peuple", notant que "les Tunisiens ont perdu confiance en tout le monde."
Jusqu'à 14h50 (GMT), il n'y avait aucun commentaire des autorités tunisiennes ou des partis sur les déclarations de Taboubi.
La Tunisie traverse une crise économique et financière, exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus et de la guerre en Ukraine, en plus de l'instabilité politique que connaît le pays depuis que le président Kaïs Saïed a entrepris d'imposer des mesures d'exception le 25 juillet 2021.
Certaines forces politiques tunisiennes considèrent les mesures d'exception imposées par Saïed comme une "consécration du pouvoir individuel absolu", tandis que d'autres forces y voient une "correction du cours de la révolution de 2011" qui avait renversé le régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Quant à Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, il affirme que ses mesures sont "à la fois légales et nécessaires" pour sauver l'État tunisien d'un "effondrement total."