Le Secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a annoncé, lundi, que la centrale syndicale a entamé des consultations avec les organisations et les forces de la société civile, dans le but de lancer un dialogue pour sortir le pays de "la crise et de l'impasse".
La Tunisie connaît une crise politique économique et sociale depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président du pays, Kaïs Saïed, a imposé des mesures d'exception dont la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement et la promulgation de lois par décrets présidentiels. Depuis, une nouvelle Constitution a été adoptée par référendum, le 25 juillet 2022 et le 1er tour d’élections législatives anticipées a été tenu le 17 décembre courant.
Taboubi a ouvert, lundi, une conférence organisée à Hammamet, dans le gouvernorat de Nabeul (est), selon le site Internet de l'UGTT.
Dans un discours prononcé lors de l’ouverture de cette conférence, Taboubi a déclaré : "L'Union n'a pas encore lancé d'initiative, mais elle a commencé à se concerter et à échanger des idées avec l'Ordre des avocats (non gouvernemental), et elle poursuivra, mardi, ses consultations avec la Ligue tunisienne des droits de l'homme (indépendante), afin de parvenir à une initiative permettant de sortir la Tunisie de la crise et de l'impasse dans laquelle elle se trouve".
Cette démarche se fera "parallèlement aux actions menées par les sections et les structures du syndicat dans les différentes régions pour étudier la situation générale du pays et formuler une initiative pour un dialogue constructif ", a indiqué Taboubi.
Celui-ci a affirmé que "les composantes du dialogue et les participants auront souvent à cœur de mettre en commun leurs principes et leurs objectifs avec l'UGTT et de se tenir à l'écart des tensions politiques pour conduire le pays vers la sécurité."
Taboubi a estimé que le président Saïed "n'écoute que le son de sa voix, rejetant toute vision participative des réformes", et insiste pour "gérer le pays de manière unilatérale."
Et de poursuivre : "Le président et son gouvernement sont sur deux voies différentes. Il (Saïed) discourt et promet des réformes, alors que son gouvernement approuve des mesures qui vont accroître la souffrance des Tunisiennes et des Tunisiens, ce qui ne fera qu'exacerber la situation."
Jusqu'à 18h00 GMT, les autorités tunisiennes n'ont fait aucun commentaire sur les déclarations de Taboubi.
Plus d'une fois, Saïed a accusé des parties qu'il n'a pas nommées de chercher à "porter atteinte aux moyens de subsistance des Tunisiens et à monter de toutes pièces des crises qui n'existent pas."
Certaines forces politiques tunisiennes considèrent que les mesures d'exception de Saïed sont une "consécration du pouvoir individuel absolu", tandis que d'autres forces y voient une "correction du cours de la révolution de 2011", qui avait renversé le régime du président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Quant à Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, il a déclaré que ses mesures sont "légales et nécessaires" pour sauver l'État tunisien d'un "effondrement total."
Source : AA