Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a plaidé, lundi à Rabat, pour une nouvelle vision destinée à rattraper le retard accusé dans le secteur de l’eau.
« Face à l’accélération des changements et des défis, le Royaume est appelé aujourd’hui, plus que jamais, à s’impliquer de manière sérieuse et responsable et à poursuivre l’action participative, dans le cadre d’une nouvelle vision destinée à rattraper le retard accusé dans le secteur de l’eau et à donner à la stratégie nationale de l’eau, exécutée sur ordre du Roi Mohammed VI depuis 13 ans, un nouvel élan en termes de gouvernance et d’efficience », a dit Akhannouch en réponse à une question centrale à la Chambre des représentants lors de la séance plénière mensuelle des questions de politique générale, consacrée à la « politique hydraulique du Maroc ».
Il a estimé que cette démarche est de nature à accélérer la réalisation des différents axes fondamentaux de cette stratégie, qu’il s’agisse des stations de dessalement d’eau de mer, dont le nombre actuel ne dépasse les 9 sur les 20 fixés comme objectif à l’horizon 2030, ou de la construction de barrages, dont le nombre n’a pas dépassé -depuis 2009 à ce jour- 14 grands barrages sur les 57 programmés à l’horizon 2030, outre les opérations de connexion entre les bassins qui connaissent, à leur tour, des retards notables.
Akhannouch a souligné que le Roi, qui est tout à fait conscient des défis climatiques et démographiques qui pourraient affecter les ressources hydrauliques, n’a eu de cesse, depuis Son accession au Trône de Ses glorieux ancêtres, d’accorder une attention toute particulière à la question de l’eau, rappelant que plus de 50 grands et moyens barrages ont été construits depuis l’intronisation du Souverain, outre 20 autres barrages qui sont en cours de réalisation.
Le chef du gouvernement a évoqué, dans le même sens, le lancement des plus importantes stations de dessalement d’eau de mer, notamment celle d’Agadir, ainsi que les Hautes Orientations Royales pour la gestion rationnelle des eaux d’irrigation, un enjeu que le Royaume a réussi à relever.
Il a fait observer, dans ce contexte, que le gouvernement a interagi efficacement avec les Hautes Orientations Royales contenues dans le discours du Roi à l’occasion de l’ouverture de cette session législative, en rapport avec la gestion de la sécurité hydrique des Marocains, qui fait de ce dossier « une question cruciale pour la Nation et non pas une question pouvant faire l’objet de surenchère politique ou être un prétexte pour alimenter les tensions sociales ».
En application des Hautes Instructions Royales et partant de l’urgence de traiter cette problématique, a-t-il poursuivi, le gouvernement œuvrera à gérer la raréfaction des ressources hydriques, en veillant à la mobilisation de ses ressources et à l’amélioration de la gouvernance de leur système, à travers la restructuration de la politique de l’eau et en assurant une bonne coordination entre les différentes parties prenantes, le but étant de renforcer l’efficacité et l’harmonie entre ces acteurs et d’assurer une répartition équitable des ressources en eau entre les différentes régions, tout en veillant à une mise en œuvre efficace du programme de construction de barrages, de dessalement d’eau de mer et de traitement des eaux usées et des eaux pluviales.
A cet égard, Akhannouch a fait savoir que le gouvernement a décidé, conformément à la politique clairvoyante du Souverain en la matière, de consacrer un montant estimé à 10,6 milliards de dirhams au titre du budget 2023 (soit une augmentation de 5 milliards de dirhams par rapport à l’an dernier) à la mise en œuvre d’un ensemble de projets structurants dans le secteur de l’eau.
Afin d’éviter tout scénario rocambolesque, le gouvernement veille à suivre de près cette « situation préoccupante » tout en prenant une série de mesures urgentes, en donnant une priorité extrême à l’eau potable dans les zones affectées, notamment au niveau des bassins hydrauliques de la Moulouya, d’Oum Er Rabia et du Tensift, et en faisant face avec fermeté aux différents effets négatifs résultant de la sécheresse, tels que l’exode rural et les préjudices causés aux filières de production agricole, a-t-il poursuivi.
Il a indiqué, en outre, que le gouvernement a également mis en place un programme urgent visant à faire face au problème de la rareté de l’eau, pour lequel une enveloppe budgétaire de 3 milliards de dirhams a été allouée et qui concerne tous les bassins hydrauliques touchés par la pénurie d’eau (Oum Er-Rabia, Tensift, Moulouya et Drâa-Tafilalet), rappelant la signature d’un ensemble de conventions entre les différents acteurs pour redistribuer le déficit et dépasser ses conséquences.
Au niveau du bassin d’Oum Er-Rabia, le chef du gouvernement a confirmé l’achèvement du projet du canal reliant le réseau d’eau potable du nord de Casablanca à celui du sud de la capitale économique, outre la mise en place de pompes (les barrages flottants) qui ont permis de démarrer l’exploitation de la retenue inférieure du barrage d’Al-Massira.
Il a, dans le même sens, rappelé le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt pour la réalisation d’une station de dessalement d’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat, qui sera construite dans le cadre d’un partenariat entre les secteurs public et privé, précisant que la fin de ce mois a été fixée comme date limite de soumission des offres, évoquant aussi l’accélération de la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer à Safi qui contribuera à économiser 30 millions de m3 d’eau potable, dont 10 millions de m3 seront produites avant la fin de l’année 2023.
Il a fait savoir, dans le même contexte, que la ville d’El Jadida sera alimentée en eau potable à partir de la station de dessalement d’eau de mer de Jorf Lasfar relevant de l’OCP.
S’agissant du bassin hydraulique du Tensift, Akhannouch a souligné que des mesures proactives ont été prises, portant notamment sur l’achèvement des travaux d’adduction d’eau à partir du barrage Massira, de réhabilitation du réseau de distribution d’eau de la ville de Marrakech pour répondre à ses besoins, outre la programmation de la construction de 16 petits barrages et barrages collinaires et la promotion du recours aux eaux souterraines par la réalisation de nouveaux forages visant soutenir l’approvisionnement en eau potable de la cité ocre à partir du barrage Moulay Youssef.
Concernant le bassin hydraulique de la Moulouya, le chef du gouvernement a indiqué que l’exploitation des eaux des stations de pompage « Oulad Stout » et « Moulay Ali » a commencé pour alimenter en eau potable Nador, Driouch, Ras Elma, Berkane et Saïdia, ajoutant qu’il a été procédé à la réalisation de deux canaux d’eaux potable à partir du barrage Mechra Homadi et la programmation de 11 petits barrages et collinaires, outre l’acquisition d’unités mobiles de déminéralisation des eaux souterraines et la programmation du dessalement d’eau de mer dans la région de l’Oriental au niveau de la ville de Nador.
Pour ce qui est de la région de Drâa-Tafilalet, Akhannouch a indiqué qu’il a été procédé à la réalisation de forages d’exploration qui ont permis la mobilisation de ressources souterraines supplémentaires, outre le début de l’exploitation du barrage Hassan Dakhil pour soutenir l’approvisionnent en eau potable de l’axe Drâa-Tafilalet, soulignant que des approvisionnements suffisants seront prochainement assurés pour la province de Zagora à partir du barrage d’Agdez qui sera exploité prochainement, en plus de programmer la construction de 33 petits barrages et collinaires.
Dans le même contexte, Akhannouch a affirmé que le gouvernement a veillé à poursuivre l’extension du réseau d’alimentation en eau potable au niveau du monde rural, précisant que les mesures prises durant l’année en cours ont porté sur la mobilisation de 2 milliards de dirhams pour approvisionner en eau potable plus de 40 centres ruraux et près de 1.970 douars.
Il a fait savoir que les coûts des investissements consacrés à la généralisation de l’approvisionnement en eau potable de centres ruraux et douars concernés ont été revus à la hausse, en passant à 29,4 milliards de dirhams au lieu des 27 milliards de dirhams programmés auparavant.
Le gouvernement a également redoublé d’effort pour faire face au déficit accusé dans le monde rural, en mettant en place un programme d’urgence complémentaire, à travers la signature de deux conventions, en avril 2022, entre le ministère de la l’Intérieur, le ministère de l’Economie et des Finances, et le ministère de l’Equipement et de l’Eau, portant sur l’acquisition de 706 camions citernes pour un montant de 471 millions de dirhams au profit de 75 provinces dans le but de garantir l’approvisionnement en eau potable des centres et douars, outre l’acquisition de 26 stations mobiles de dessalement d’eau de mer pour être exploitées dans 17 provinces et de 15 satins de déminéralisation des eaux saumâtres au profit de 9 provinces, pour un montant global de 440 millions de dirhams, a-t-il conclu.
Source : infomediaire