Trois anciens Premiers ministres algériens sous le régime de l'ex-président, Abdelaziz Bouteflika, ont été lourdement condamnés, jeudi, par la justice dans une nouvelle affaire dite de corruption.
Il s'agit des derniers chefs du gouvernement avant la chute de l'ancien président, poussé à la démission suite au mouvement populaire "Hirak", de février 2019, en l'occurrence Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et Noureddine Bedoui.
Jugés mardi dernier par le pôle pénal et financier du Tribunal de Sidi M'hamed d'Alger dans le cadre de l'affaire "d'indus avantages" accordés au groupe KouGC, appartenant aux frères Kouninef (des hommes d'affaires condamnés et emprisonnés dans plusieurs affaires), ces trois hauts responsables ont connu le verdict aujourd'hui en début d' après-midi.
La peine la plus lourde a été infligée à Ahmed Ouyahia, condamné à 12 ans de prison ferme et à une forte amende.
Le juge près le même tribunal a également condamné Abdelmalek Sellal et Noureddine Bedoui (ce dernier a été poursuivi en tant qu'ex-wali de Constantine) à 10 ans de prison.
Pour Noureddine Bedoui la sanction a été assortie d'un mandat de dépôt à l'audience.
La même juridiction a également prononcé une peine de 8 ans de prison ferme et un million de dinars (plus de 7000 dollars) d'amende contre Mohamed Loukal, ancien Pdg de la BEA (Banque extérieure d'Algérie) et ancien ministre des Finances ainsi qu'Abdelaziz Beraki, ancien ministre des ressources en eau.
Deux autres ministres ont été sanctionnés par 4 ans de prison ferme, à savoir Ammar Ghoul, ex-ministre des Travaux publics, et Houda Imene Feraoune, ex-ministre des Télécommunications. L'ancien ministre de la poste et des télécommunications, Amar Tou, a, quant à lui, bénéficié d'une relaxe.
Par ailleurs, le juge a condamné par contumace à 20 ans de réclusion des anciens ministres de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, Hamid Temmar, ainsi que de l'ancien wali (gouverneur) de Jijel, Ali Bedrissi, en fuite à l'étranger.
Un mandat d'arrêt international a été également émis à leur encontre. Ayant pris la parole après l'annonce du verdict, Ahmed Ouyahia a déclaré au juge son amertume en raison de ces nombreuses condamnations dont il a fait l'objet.
"J'ai servi la partie et j'ai passé 40 ans de ma vie au sommet du pouvoir en tant que chef du gouvernement, Premier ministre et ministre. Aujourd'hui, je suis jugé pour la 9ème fois par plusieurs juridictions, après avoir été privé de mes biens, de ma maison familiale et de ma pension de retraite", lance-t-il.
Pour rappel, le groupe KouGC, dont les propriétaires étaient proches de l'entourage de l'ancien président, a bénéficié de plusieurs marchés publics, souvent de gré à gré, dans divers secteurs.