L'avocat Mokhtar Jemai, membre du comité de défense de l’ancien député, Rached Khiari, a estimé, mardi, que son client "est en détention forcée et qu'il est passé au stade de la maltraitance" par la tenue de plusieurs audiences dans plusieurs tribunaux en une seule journée.
C'est ce qui ressort de l'intervention de Jemai lors d'une conférence de presse tenue par le comité de défense de Khiari dans la capitale, Tunis, pour informer l'opinion publique des développements de l'affaire pour laquelle il a été arrêté.
Selon Jemai, Khiari a été "jugé dans deux affaires, la première concernant une enquête sur l'exposition d’enfants aveugles au harcèlement, tandis que la seconde a été jugée par le tribunal militaire au motif que Khiari a soulevé une question liée à la présence d'une base militaire américaine dans l'une des casernes tunisiennes, or ce n'est pas lui qui l'a publiée, mais une personne résidant à l'étranger."
Pour sa part, la vice-présidente du parlement dissous, Samira Chaouachi, a déclaré, au cours de la même conférence de presse, que "le procès de Khiari n'est qu'un maillon de toute une série visant tous ceux qui ont dit non à l'autorité du coup d'État, y compris les élus, les partis politiques et l'élite politique."
Khiari a été arrêté le 3 août dans la capitale et écroué en exécution d'un jugement par contumace rendu par le Tribunal militaire permanent de Tunis.
En avril 2021, le tribunal militaire a émis une citation à comparaître contre Khiari, qui s'est retranché derrière son immunité et a refusé d'être jugé par un tribunal militaire, et est demeuré en fuite jusqu'à ce que le président Kais Saïed suspende le Parlement le 25 juillet 2021.
Rached Khiari doit répondre de plusieurs accusations, notamment d'avoir "agi de manière à affaiblir le moral de l'armée, ainsi que l'obéissance aux chefs ou le respect qui leur est dû, et d'avoir critiqué les actions du commandement général de l'armée ou de ses responsables d'une manière qui porte atteinte à leur dignité."
Le directeur de campagne du président Saied, Faouzi Daas, avait confirmé, l'année dernière, que la justice militaire "a ouvert une enquête sur les allégations faites par khiari accusant le président d'avoir bénéficié de financements américains pour stimuler ses chances de gagner la présidence", ce que l'ambassade a ensuite démenti.
Source : AA