Tunisie : Le Front du Salut National solidaire des protestations sociales

Le Front du Salut National tunisien a exprimé, lundi, sa solidarité avec les protestations sociales "pacifiques" qui ont été enregistrées, dimanche, dans plus d'une région du pays, mettant en garde contre une "explosion générale" et appelant à la tenue d'un dialogue national "avant qu'il ne soit trop tard."

Ce Front a été annoncé le 31 mai dernier, et comprend cinq partis : "Ennahda", "Qalb Tounes", "Coalition Al-Karama", "Hirak Tounes Al-Irada" et "Amal", ainsi que la campagne "Citoyens contre le coup d'Etat" et un certain nombre de parlementaires.

Dans un communiqué publié lundi, le Front soutient que "le caractère simultané et étendu des protestations à plus d'une zone de la capitale et des régions traduit la souffrance des citoyens face à la cherté de la vie, à la généralisation de la pauvreté et du chômage, et à la rupture (absence) des produits alimentaires de base sur les marchés. "

Il a également estimé que "ces mouvements sont une indication du degré de tension sociale au sein de la population, et sont le signe avant-coureur d'une explosion générale et de l'effondrement de la situation sociale et politique du pays."

Le Front a indiqué que ces mouvements étaient liés à "l'objection à la remise en service d'une décharge dans la région d'Agareb (gouvernorat de Sfax - sud), ainsi qu’aux protestations contre l'incapacité de l'autorité régionale à secourir les victimes qui ont péri en mer suite à une tentative de migration irrégulière dans la région de Zarzis (gouvernorat de Médenine - sud)".

Et le communiqué de poursuivre : "En plus d'appeler à la création d'emplois et de dénoncer la cherté de la vie et l'exacerbation de la pauvreté à Douar Hicher (gouvernorat de Manouba - ouest de la capitale), ainsi que de dénoncer les conditions de travail précaires qui ont poussé un marchand ambulant à Mornag (gouvernorat de Ben Arous - sud de la capitale) à se suicider".

La Tunisie souffre d'une crise économique qui s'est intensifiée en raison des répercussions de la pandémie de Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne en cours depuis le 24 février.

Le "Front du Salut National" a exprimé son rejet des justifications du gouvernement qui fait porter la responsabilité de la détérioration de la situation au seul phénomène du monopole.

Il a estimé que "la souffrance des citoyens est principalement due à la crise financière que traverse le pays en raison de politiques économiques et monétaires inappropriées, qui ont entravé les moteurs de la croissance (investissement, consommation et exportation), et provoqué l'exacerbation de la pauvreté et la baisse du pouvoir d'achat des citoyens."

Selon le communiqué, le fait de s'en remettre à un accord avec le Fonds monétaire international en échange d'une aide financière ne résoudra pas la crise, "mais provoquera une nouvelle détérioration du pouvoir d'achat, ainsi que la hausse du taux de chômage et de la pauvreté, compte tenu d'une situation sociale et politique tendue".

Et d'ajouter que "la solution à la crise réside dans un accord tuniso-tunisien pour le redressement de l'économie sous la supervision d'un gouvernement de salut issu d'un dialogue national global, avec la nécessité d'unifier les positions et de se réunir autour de la table du dialogue national avant qu'il ne soit trop tard."

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président du pays, Kais Saied, a décidé d'imposer des mesures d'exception, notamment la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, l'adoption d'une nouvelle Constitution pour le pays, le 25 juillet 2022 et la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre prochain.

Certains acteurs de la scène politique tunisienne considèrent ces mesures comme un "coup d'État contre la Constitution de 2014 (celle de la révolution) et la consolidation du pouvoir individuel absolu", tandis que d'autres forces y voient une "correction du cours de la révolution de 2011", qui avait renversé le régime du président Zine El Abidine Ben Ali.

Quant à Saied, qui a entamé en 2019 un mandat présidentiel de cinq ans, il a déclaré que ses mesures sont "nécessaires et légales" et qu'elles permettent de sauver la Tunisie d'un "effondrement total."

Source : AA

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