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- Le 22 Novembre 2024
Lors de sa toute première intervention devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le président iranien Ebrahim Raisi a accusé, mercredi, l'Occident de pratiquer "une politique de deux poids, deux mesures" en matière de droits de l'homme et de justice.
Il a déclaré que l'Iran prône la "mondialisation de la justice", tout en faisant référence à l'incident récent concernant le décès d'une femme iranienne en garde à vue, qui a suscité des protestations dans tout le pays.
Raisi a déclaré que la politique de deux poids, deux mesures dont font preuve certains gouvernements occidentaux a alimenté les violations des droits de l'homme, soulignant la large couverture de l'incident lié à la mort de la femme de 22 ans et ce qu'il a appelé le "silence de mort" sur la mort des femmes sans abri en Occident.
La visite du président Raisi à New York, pour participer à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies, a coïncidé avec des manifestations de colère dans tout l'Iran à la suite de la mort de Mahsa Amini, 22 ans, décédée en garde à vue, vendredi, après avoir été interpellée pour une violation présumée du code vestimentaire en vigueur dans le pays.
Raisi a ordonné au ministère de l'intérieur d'ouvrir une enquête sur ce décès alors que les protestations continuent de s'amplifier.
L'incident a suscité la condamnation de nombreux dirigeants mondiaux et groupes de défense des droits de l'homme, y compris des États-Unis, ce dont le ministre iranien des Affaires étrangères s'est vivement offusqué, mardi.
Violations des droits de l'homme
Dans son discours devant l'Assemblée générale des Nations unies, le président Raisi a critiqué les pays occidentaux pour ce qu'il a appelé "les violations des droits de l'homme et des droits des nations", y compris ceux des peuples autochtones du Canada.
Il a déclaré que le monde est resté silencieux face au "meurtre de dizaines de femmes sans défense" dans un pays occidental, sans le nommer, tout en critiquant également le Canada pour le traitement réservé à sa population indigène.
Le président iranien a évoqué le "changement de l'ordre mondial" qui fait que les organisations internationales sont devenues des "instruments de répression", affirmant que cet ordre a perdu le soutien des peuples.
Il a déclaré que son pays a été confronté, pendant des décennies, à des "coups d'État, des interventions étrangères et des sanctions coercitives", et a également évoqué les interventions étrangères dans des pays comme l'Afghanistan et l'Irak.
Raisi a également déclaré que la solution réside dans le dialogue et non dans la guerre, s'empressant d'ajouter que l'Iran, en tant qu'acteur régional de premier plan, est prêt à contribuer au règlement des crises régionales par le dialogue.
Il a ajouté qu'il avait déclaré à ses homologues des pays de la région, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, que la sécurité de la région devait être assurée par les pays de la région eux-mêmes.
Le président iranien a ensuite accusé les États-Unis d'avoir "créé" le groupe terroriste Daech, affirmant que l'ancien président américain Donald Trump l'avait "admis".
Il a brandi une photo du commandant militaire assassiné, le général Qassem Soleimani, pendant le discours, affirmant que son pays poursuivra la procédure de "jugement du crime de l'ancien président américain par un tribunal équitable".
Soleimani a été assassiné par une frappe aérienne américaine, en janvier 2020, devant l'aéroport de Bagdad. Les dirigeants iraniens ont souvent parlé de venger sa mort.
Accord nucléaire
Concernant le programme nucléaire iranien, Raisi a déclaré que le pays ne cherchait pas à développer des armes nucléaires, invoquant la fatwa émise par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
Il a souligné que seuls 2% des activités nucléaires dans le monde ont lieu en Iran, alors que 35% des inspections de l'organisme de surveillance nucléaire de l'ONU se concentrent sur le pays.
Le président iranien a qualifié les sanctions d'"armes de destruction massive", reprochant aux États-Unis de "piétiner" l'accord nucléaire conclu en 2015 et de tergiverser sur sa relance.
Les négociations indirectes entre Téhéran et Washington pour relancer l'accord nucléaire, dont les États-Unis se sont retirés en mai 2018, ont été engagées dans la capitale autrichienne en avril dernier.
Si les deux parties ont noté des progrès lors des derniers cycles de discussions, sous la médiation de l'Union européenne, certains points d'achoppement, notamment une enquête sur les sites nucléaires non déclarés en Iran, ont empêché toute avancée.
Raisi, qui s'est montré très ferme, a déclaré que Téhéran avait "trouvé une voie indépendante de tout accord", ce qui indique que la relance de l'accord ne figure pas en tête des priorités de son gouvernement.
Avant son départ pour New York lundi, le dirigeant iranien avait exclu la possibilité de rencontrer des responsables américains en marge de l’Assemblée générale des Nations unies pour sortir de l'impasse de l'accord nucléaire.
Dans une interview accordée dimanche à l'émission 60 Minutes de CBS News, il a déclaré que Biden suivait la feuille de route de Trump, soulignant que sa rencontre avec Biden sera " vaine ".
Au cours des deux derniers jours à New York, le président iranien a tenu une série de réunions avec les dirigeants de la France, de l'Irak, du Pakistan et de la Suisse, ainsi qu'avec le président de la Commission de l'Union européenne.
Raisi a déclaré à son homologue français, Emmanuel Macron, qu'un accord était impossible sans que le dossier de l'Iran à l'agence nucléaire de l'ONU ne soit clos. Macron a toutefois refusé de faire pression sur l'organisme de surveillance, exhortant l'Iran et l'AIEA à résoudre la question par la coopération.
Source : AA