Salvador : prolongation de l'état d'exception permettant la détention de 50 000 personnes

Les députés salvadoriens ont approuvé, mardi en fin de journée, la prolongation pour une durée d'un mois de l'état d'exception qui a permis l'emprisonnement, depuis mars, de 50 000 membres présumés de gangs.

L'assemblée monocamérale de 84 sièges a voté pour la cinquième fois en faveur du maintien de la mesure jusqu'à la mi-septembre.

L'état d'exception prévoit la suspension de certaines libertés civiles, notamment le droit d'association, le droit d'être informé du motif d'une arrestation et le droit à l'assistance d'un avocat. Il prolonge également la période de garde à vue de 72 heures à 15 jours et permet aux autorités de surveiller le courrier et de mettre sur écoute les téléphones portables des personnes jugées suspectes.

Cette mesure, adoptée en mars par le président Nayib Bukele pour lutter contre les gangs suite à la mort de plus de 80 personnes en un week-end, a été vivement critiquée par les groupes de défense des droits de l'homme qui dénoncent des violations des droits humains.

Amnesty International a indiqué que de nombreuses personnes étaient mortes en détention et a affirmé que les autorités pratiquaient la torture dans le cadre de l'état d'exception.

Le mouvement Alliance pour la paix a déclaré avoir reçu 500 plaintes pour arrestations arbitraires.

Des membres des familles des personnes détenues se sont rassemblés, mardi, devant l'Assemblée législative de San Salvador pour demander aux députés de ne pas prolonger la mesure et exiger la libération des proches arrêtés "arbitrairement".

Le gouvernement a cependant défendu cette mesure. Il évoque la diminution quotidienne des homicides et des extorsions suite aux arrestations massives de ce qu'il prétend être des membres de gangs.

"Personne ne peut nier la transformation que nous réalisons au Salvador. L'état d'exception nous a permis d'intensifier la guerre contre les gangs et de retirer des milliers de terroristes des rues", a écrit le bureau du président sur Twitter.

L'Association des distributeurs du Salvador a récemment déclaré que les extorsions dans les magasins de détail ont été réduites de 80 %.

"Les résultats de l'application de l'état d'exception ont été convaincants, nous avons fortement impacté ces structures terroristes", a déclaré, mardi, le ministre de la Justice Gustavo Villatoro.

Les "maras", gangs qui comptent quelque 70 000 membres, sont impliquées dans le trafic de drogue et le crime organisé.

Source : AA

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