Joe Biden justifie dans une tribune son futur déplacement en Arabie saoudite

Le président américain, attendu vendredi à Djedda, répond dans le « Washington Post » aux critiques qui l’accusent de se renier. Il avait promis de faire de la monarchie pétrolière un « paria » après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

L’exercice sert à désamorcer la polémique et à préparer le terrain. En prévision de son déplacement prochain en Arabie saoudite, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a annoncé, dans une tribune publiée samedi 9 juillet par le Washington Post, vouloir « renforcer un partenariat stratégique fondé sur des intérêts et des responsabilités mutuels, tout en respectant les valeurs américaines fondamentales ».

Dans ce texte titré « Why I’m going to Saudi Arabia » (« Pourquoi je vais en Arabie saoudite »), M. Biden, qui se rend mardi en Israël puis vendredi à Djedda, en Arabie saoudite, répond aux critiques qui l’accusent de se renier afin d’extirper à l’Arabie saoudite la promesse de produire plus de pétrole. Joe Biden avait, avant son élection, promis de faire de la monarchie pétrolière un « paria » international à la suite de l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi, en 2018.

« Je sais que beaucoup ne sont pas d’accord avec ma décision d’aller en Arabie saoudite. Mes vues sur les droits humains sont claires et durables, et les libertés fondamentales sont toujours au programme quand je voyage, et elles le seront pendant ce déplacement », assure le président des Etats-Unis. Il rappelle avoir déclassifié un rapport explosif du renseignement américain concernant les circonstances de la mort de Jamal Khashoggi. 

Mais il ne cite pas, dans sa tribune, le nom du prince héritier, Mohammed Ben Salman, qui, selon ce même rapport a « validé » l’assassinat. Joe Biden doit le rencontrer à Djedda la semaine prochaine, dans le cadre d’une réunion élargie autour du roi Salman.

« Stabiliser le marché pétrolier »

« Mon travail de président est d’assurer la solidité et la sécurité du pays », justifie le démocrate de 79 ans, citant la nécessité de « contrer » la Russie, de se mettre dans « la meilleure position possible » face à la Chine et d’assurer une « plus grande stabilité » au Moyen-Orient. « Pour faire ces choses, nous devons avoir une relation directe avec les pays qui peuvent y contribuer. L’Arabie saoudite en est un », explique encore Joe Biden.

« En Arabie saoudite, nous avons renversé la politique de chèque en blanc que nous avions héritée » du précédent président Donald Trump, ajoute Joe Biden. Il précise : « Depuis le début, mon but a été de réorienter – mais pas de rompre – les relations avec un pays qui a été notre partenaire stratégique depuis quatre-vingts ans. »

Le président américain fait aussi référence à un enjeu important de son déplacement : le pétrole, au moment où les prix élevés de l’essence exaspèrent les Américains et plombent les perspectives électorales de son parti. « [Riyad] travaille avec mes experts pour aider à stabiliser le marché pétrolier », assure-t-il. Washington voudrait que tous les pays du Golfe ouvrent les vannes pour faire baisser les cours.

Une région « pleine de défis »

Joe Biden a d’abord prévu de rencontrer le premier ministre israélien intérimaire, Yaïr Lapid, et le leader palestinien, Mahmoud Abbas. Puis il s’envolera vendredi pour Djedda, la première liaison directe de ce genre entre l’Etat hébreu et un pays arabe qui ne reconnaît pas son existence. Donald Trump avait déjà fait ce trajet à très forte dimension symbolique, mais en sens inverse.

Le Moyen-Orient est « moins sous pression et plus intégré qu’il y a dix-huit mois », à son arrivée à la Maison Blanche, assure Joe Biden. Il mentionne notamment le rapprochement entre Israël et plusieurs pays arabes, démarré sous la tutelle de l’ancien président républicain. L’administration Biden « travaille à approfondir et étendre » ce processus, fait savoir le président démocrate.

Joe Biden veut « faire des progrès » face à une région qui reste « pleine de défis », entre le programme nucléaire iranien, et la situation instable en Syrie, en Libye, en Irak, au Liban… Mais il n’en discerne pas moins « des tendances prometteuses » dans la région, estimant que « les Etats-Unis peuvent les renforcer comme aucun autre pays ne le peut. C’est à cela que servira mon déplacement la semaine prochaine ».

Source : Le Monde avec AFP

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