Au G7, Washington lance un vaste programme d’investissements censé contrecarrer la Chine

Joe Biden a assuré que ce programme à destination des pays en développement était fondé sur des « valeurs partagées » telles que la « transparence », le respect des droits des travailleurs, de l’environnement, de l’égalité des genres…

Le projet est supposé contrecarrer les immenses chantiers financés par la Chine dans les pays en développement. A l’initiative des Etats-Unis, le G7 a mis sur les rails, dimanche 26 juin, un vaste programme d’investissements à destination de ces pays en développement.

« Avec les partenaires du G7, nous visons à mobiliser 600 milliards de dollars [un peu moins de 570 milliards d’euros] d’ici à 2027 pour des investissements mondiaux dans les infrastructures », a déclaré la Maison Blanche peu avant un discours de Joe Biden dévoilant cette proposition lors du sommet des sept pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), qui s’est tenu dans le sud de l’Allemagne. 

Le président des Etats-Unis a assuré que ce programme était fondé sur des « valeurs partagées » telles que la « transparence », le respect des droits des travailleurs, de l’environnement, de l’égalité des genres. « Nous proposons de meilleures options », a-t-il commenté.

Ni le président américain ni les autres dirigeants n’ont prononcé le nom de la Chine, mais ils y ont fait des allusions évidentes. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a ainsi estimé que les pays partenaires des Occidentaux « [avaient] le choix » – comprendre celui d’aller vers les démocraties plutôt que vers Pékin – pour développer leurs réseaux électriques ou leurs infrastructures médicales.

Les Occidentaux souhaitent se démarquer de la Chine, qui a investi massivement dans de nombreux pays en développement, pour y construire des infrastructures dans le cadre du programme dit des « nouvelles routes de la soie », ou pour s’assurer un accès à certaines matières premières.

200 milliards des Etats-Unis sur cinq ans

Pékin est néanmoins accusé de mener ses projets en recourant à des prêts peu avantageux, opaques, voire périlleux, qui aggraveraient les problèmes d’endettement de pays déjà vulnérables. D’où la « transparence » que promettent, au contraire, les pays du G7. 

Le Partenariat mondial pour les infrastructures (« Partnership for Global Infrastructure ») doit « faire au monde une meilleure offre en matière d’investissements dans les infrastructures », a souligné le chancelier allemand, Olaf Scholz. Les Etats-Unis, à eux seuls, promettent de « mobiliser » quelque « 200 milliards de dollars » sur cinq ans.

Mais « mobiliser » ne signifie pas que les Etats vont eux-mêmes apporter ces sommes considérables. Washington arrive au total de 200 milliards de dollars en combinant des prêts, des financements publics – en partie déjà existants – et des financements privés encouragés par l’exécutif américain. Avec ces gros chiffres encore incertains et ces bonnes intentions, les Occidentaux peuvent-ils renverser la tendance face à la Chine ? Les Etats-Unis veulent y croire.

L’offensive chinoise « existe depuis des années et s’est traduite par de nombreux versements en liquide et de nombreux investissements », a commenté, dimanche, un haut responsable de la Maison Blanche. « Mais ce n’est vraiment pas trop tard », a-t-il assuré à propos de l’initiative du G7. 

« Beaucoup de pays qui ont reçu des fonds ou des investissements du programme BRI [acronyme de la dénomination en anglais Belt and Road Initiative] comprennent désormais, des années plus tard, qu’ils sont plus endettés, que leur PIB n’a pas progressé de manière significative, que les prétendus investissements n’ont pas atteint leurs populations », a estimé la même source, qui n’a pas souhaité être nommée.

« L’Afrique subsaharienne sera clairement une priorité majeure [du partenariat lancé par le G7] », a encore dit ce haut responsable de l’exécutif américain, mais en assurant que l’Amérique centrale, l’Asie du Sud-Est, ou l’Asie centrale étaient aussi des régions « extrêmement importantes ».

Source : Le Monde avec AFP

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